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SUR LES ROIS DE FRANCE

trait du bienheureux Pierre de Luxembourg, etc.) ; puis des fables (toujours en rondeaux) imitées ou plutôt assez faiblement parodiées de La Fontaine (l’Agneau et le Loup, le Renard et les Raisins) ; enfin, des rondeaux philosophiques (quel assemblage de mots et de choses !) sur l’Universel des philosophes ; sur ce que dit M. Gassendi ; sur le Pyrrhonisme réfuté. Voici une strophe familière, triviale même, de ce dernier :

Les sens souvent et le raisonnement
Errent ; hé bien ! suivons-les prudemment.
Du pain n’est pas du jambon de Mayence,
Le goût le dit, à Rome comme en France,
Vous le nieriez des lèvres seulement.

Le plus intéressant de ces rondeaux métaphysiques et qui a surtout, à nos yeux, le mérite de rattacher à la Bretagne le grand homme qu’un accident fortuit de naissance a seul pu lui faire contester, est écrit sur M. Descartes ; quoiqu’il y ait un demi-calembour dans le refrain du rondeau, l’auteur parle sérieusement, en cartésien résolu, en adversaire déclaré de la philosophie scolastique :

Descartes, ce sçavant génie,
Qui réduit Scot à l’agonie,
Sortoit originairement
De Bretagne, et d’un noble sang ;
Est-il un Breton qui le nie ?
Du monde, eût-on cent ans de vie,
On ne peut sçavoir l’harmonie,
À moins d’avoir absolument
 Descartes.