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RONDEAUX

que Mézeray ; le rondeau sur Vitellius est des plus piquants qu’il ait faits :

Le gros glouton qu’il est Vitellius !
Chaque repas coûte dix mille écus,
Et tous les jours il en veut faire quatre,
Ni plus ni moins, sans hausser ni rabattre.
Tels avaleurs ont-ils du superflux ?
Des mets exquis de tous cotez venus,
Et jusqu’à luy dans Rome non connus,
Luy sont servis à table pour l’ébattre,
Le gros glouton !
Son seul plaisir et ses seules vertus
Il les mettoit, ainsi que les goulus,
À vaillamment de toutes dents combattre ;
Mais quelqu’un vient son appétit abattre,
Et fait si bien qu’il ne mangera plus,
Le gros glouton !

On sait que le refrain joue, dans l’ensemble du rondeau, le rôle capital, et qu’il en est à la fois — comme dit M. de Banville (Petit traité de poésie française) — le sujet, la raison d’être, et le moyen d’expression ; or je doute que Voiture lui-même, l’auteur de si exquis refrains de rondeaux, en ait trouvé beaucoup de plus persuasifs, de plus mordants, de mieux en situation, que celui-ci, appliqué au César gargantuesque : le gros glouton !

À la suite de ces pièces que l’on peut presque dire historiques, se lisent d’autres rondeaux sur différents sujets (quelques-uns de circonstance ou de complaisance, sur une décollation de saint Jean-Baptiste qui étoit dans la chambre de Madame de *** ; sur un por-