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L’ABBÉ DE FRANCHEVILLE

coup plus nébuleuse qu’éclatant. Regardés-moi plustost du costé de la probité et de la constance que du costé de l’esprit et du mérite… »

Cette correspondance, fort honorable des deux parts, dura jusqu’en 1669, et, dans ses lettres à d’autres personnages, Chapelain vanta plusieurs fois, pendant cet intervalle, la « délicatesse de la critique » et la « beauté de l’esprit » de l’abbé de Francheville. Je n’ai pas le loisir de donner ici tous ces extraits, mais j’en choisirai trois, qui nous apportent de précieux renseignements biographiques. Le 16 mars 1665, Chapelain écrivait à l’abbé, retiré momentanément à Saint-Jacut[1] : « Je passeray à l’occupation que vous vous estes donnée dans vostre solitude bretonne et à la satisfaction que vous avez de vos entretiens avec la Mère Nature, cette ouvrière divine qui fournit si souvent de nouveaux spectacles à nos yeux et de si rares matières d’exercice pour en déceler les mystères. Je suis fort partial de la politique et de l’histoire, mais la physique non pédantesque l’emporte infiniment dans mon estime ; et n’attendés point que je vous gronde de l’affection que vous me montrés pour sa beauté… »

Puis voici, le 22 mars 1696, une importante nouvelle : « Vous sçaurés que ce cher M. du Chastelet a laissé échapper de son cabinet huit ou neuf cents vers en églogues, élégies et quelques autres poésies, qu’il

  1. Il y avait succédé, comme abbé de Saint-Jacut, à son oncle Pierre.