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L’ABBÉ DE FRANCHEVILLE

érudit a bien voulu m’en communiquer les épreuves en faveur de la Société des Bibliophiles bretons, et j’y ai découvert de véritables richesses d’histoire littéraire absolument inédites.

J’y apprends tout d’abord que l’abbé de Francheville, très reconnaissant envers Chapelain, adressa une ode pompeuse à l’auteur de la Pucelle pour ses étrennes de 1660. Chapelain lui écrivait, tout ému, le 14 janvier : « Cette belle ode dont vous m’avez surpris et honnoré est l’une des plus riches bagues de ma couronne et le plus grand ornement dont mon petit nom se puisse parer à l’avenir… »

Voilà, certes, un éloge fort inattendu. On pourrait croire qu’il n’y a là qu’un premier mouvement, un cri du cœur de vieillard reconnaissant. Non pas, car sept semaines après, le 6 mars, Chapelain adressait une nouvelle épître à notre abbé au sujet de son ode « forte et brillante, » ajoutant : « Quelque Ménardière vous pourra reprocher qu’au moins avés-vous péché dans l’addresse, » et répétera le mot d’Horace : Ubi plura nitent in carmine.

Une correspondance très suivie s’engagea bientôt entre le vieux poète et Louis de Francheville. Le 16 octobre 1660, Chapelain, entretenant complaisamment son jeune disciple d’une maladie qui le retenait à la chambre, l’accusait de trop le vanter. « Craignez, lui disait-il, « qu’on ne vous reproche de voir moins clair dans ce sujet qu’en toutes autres choses, et de vous estre souffert éblouir par une estoille qui n’est au plus que de la sixiesme grandeur et qui est beau-