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L’ABBÉ DE FRANCHEVILLE

Cette action pleine de gloire :
En recommandant vostre nom
Aux doctes filles de mémoire,
Elles croiseront vostre renom.

Mais que fais-je ? je presche aux sourds,
Vous vous mocquez de ces discours ;
Vous aimeriez mieux, ou je meurs,
Tant vostre esprit est de travers,
Faire grand’chère pour une heure,
Que vivre mille ans en mes vers.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

Je veux rengainer mes douceurs,
Ce n’est pas à pauvres rimeurs
D’aimer une telle personne ;
Je ne vous dis point ce que j’ay :
Mais, ma foy, quand mon cœur se donne,
Tout mon vaillant est engagé.

Des madrigaux, après cela, paraîtront bien fades bien fades, en effet, car voici les plus piquants :

I

Iris, mes yeux mourans, mes pas foibles et lents,
Ma mine languissante et mon visage blême,
Tout cela, belle Iris, est l’effet violent
D’une semaine de Carême.

II

Quand je vous dis que je vous aime,
Et que mon tourment est extrême,
Vous dites que cela n’est rien ;
Pour me venger je voudrois bien
Que vous en eussiez un de mesme.