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JEAN BARRIN DE LA GALISSONNIÈRE

Notre abbé s’en tint à cet essai de poésie personnelle ; il le fit, et fit bien.

Jean Barrin avait le goût des pseudonymes ; c’est qu’aussi il en avait besoin : il s’était appelé le marquis de Vilennes pour traduire Ovide, il s’appela l’abbé Du Prat pour publier le livre, fâcheux pour sa renommée, dont les curieux n’auront pas grand’peine à trouver le titre. Je voudrais bien, en dépit des affirmations du Dictionnaire de Barbier et des Biographies, l’absoudre de ce gros péché ; mais on n’a pas de motifs suffisants pour le mettre sur la conscience de son homonyme et contemporain, le ministre protestant. Il est, à coup sûr, monstrueux qu’un prêtre catholique ait jeté le discrédit et le ridicule sur les pratiques de sa religion ; mais ce n’est là qu’une présomption morale, partant insuffisante, en faveur de notre Breton. Comme tous ceux de son espèce, le triste ouvrage a été bien des fois imprimé, voire même traduit ; pour Jean Barrin, vieilli et repentant, ce succès de mauvais aloi, dont sa mémoire reste éclaboussée, dut être la source d’un chagrin cruel.

Olivier de Gourcuff