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RENÉ GENTILHOMME

On verra les mortels, en dépit de l’envie,
Lire sur mon tombeau qu’estant près de mourir,
Vos royalles bontés me donnèrent la vie,
Et que, par un doux sort, vous fistes refleurir

L’Espine.

Il remplit enfin quelque mince mission diplomatique, puis, courtisan vieilli, poète démodé, René de l’Espine revient au logis paternel. Il fait inscrire sur le mur de sa maison dix hexamètres relatant sa gloire et ses périls ; il intitulé le tout : « Renati, Armorici Vatis, domûs eximiæ inscriptio. » Il continues versifier en s’appelant « le poète de France » et en parlant « de sa royale histoire. » Enfin, dans sa vie errante, ayant fait collection de statues, de tableaux, d’intailles, il les explique et en fait un catalogue en vers. Il fait son épitaphe ; et le roi, ayant fait son entrée à Nantes le 1er septembre 1661, il vient en cette ville solliciter la charité du prince. Il se dit mort parce qu’il est pauvre :

Un poète sans argent est mort,
Ou tel qu’une frède peinture,
La triste victime du sort
Est le rebut de la nature.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

Aspirant à l’honneur d’être de vos suivants,
Si Votre Majesté le souffre de ce nombre,
Par un bienheureux sort
On vous verra, grand roy, donner corps à cette ombre,
Et prouver aux mortels que ce mort n’est pas mort.

Il paraît que les libéralités de Louis XIV donnèrent