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RENÉ GENTILHOMME

pas faite pour plaire à Gaston ; mais quelque chose qui dut lui déplaire davantage, c’est que son jeune officier sut se faire aimer de Louison Roger, grisette à la mode qui embellissait les loisirs de Monsieur, lorsqu’il séjournait à Tours. Sans Richelieu, notre Croisicais eût été tué net. Le prince l’avait demandé ; le roi y inclinait. Le poète se sauve, envoie, d’Étampes, un billet à sa belle qu’il fait disgracier. Il arrive en Hollande, où il se fait choyer comme poète et comme homme à la mode. Il se fait recevoir chez la reine de Bohême, et séduit sa fille Louise. Ce nom lui portait malheur. Le prince d’Orange le protégeait ; mais les frères de la princesse l’insultent et le font assassiner. Tallemant des Réaux[1], qui a écorché son nom, le tue tout à fait de cette affaire. Mais de l’Espine ressuscite si bien qu’il a encore trente ans à vivre. On le perd de vue. La pauvre Louison, convertie, est devenue supérieure de la Visitation de Tours ; la princesse Louise, devenue catholique et ayant changé de vie aussi bien que de religion, est abbesse de Maubuisson ; et René écrit des vers en l’honneur des grands seigneurs, briguant çà et là quelques dons en retour. C’est ainsi que tantôt il fait en vers des portraits de marquises, et que tantôt il remercie la reine Christine ; pour un peu plus, il l’eût félicitée du drame de Fontainebleau. Ce remerciement se termine assez heureusement par un jeu de mots sur le nom du poète :

  1. Historiette LXXX. Parlons un peu des amours de Monsieur.