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PAUL HAY DU CHASTELET

nage. Bien plus, elle fut écrite par un ministériel inféodé à la politique de Richelieu, mais que révoltaient les excès sanguinaires de Laffemas. C’est une satire personnelle et non pas une œuvre d’opposition politique. Elle nous confirme de plus l’indépendance réelle du caractère de du Chastelet au milieu de la cour subjuguée du Palais Cardinal.

À l’époque où il composa cette satire, notre poète venait de passer par des épreuves toutes particulières.

S’étant fait récuser comme juge, vers la fin du procès du maréchal de Marillac, à cause de sa prose rimée, il avait encouru la disgrâce plus apparente que réelle du cardinal, et s’était vu emprisonner lui-même puis exiler à Villepreux, ce qui l’avait forcé de donner sa démission de maître des requêtes. Sur toute cette affaire qui a été fort diversement appréciée, j’ai récemment découvert une page inédite fort curieuse dans les mémoires de Conrart : elle ne serait pas à sa place ici, mais elle prouve encore que le caractère de du Chastelet ne s’est jamais démenti. Pendant sa prison, il composa des Observations sur la vie et la mort de Marillac qui lui valurent une éclatante rentrée en grâce avec un poste de conseiller d’État. Comme un courtisan, rapporte Conrart, « le blâmait de sa légèreté et trouvoit à dire qu’il écrivoit pour la défense d’une cause qu’il avoit tesmoigné condamner n’en voulant pas être juge, il luy respondit qu’il y avoit bien de la différence à condamner un homme que l’on ne croit pas coupable, ou de justifier sa condamnation quand elle a esté faite par un nombre