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PAUL HAY DU CHASTELET

du Chastelet, je veux justifier sa miséricorde, s’il a la bonté d’en user envers un des plus vaillants hommes de son royaume.

Quelques années plus tard, comme il assistait M. de Saint-Preuil qui sollicitait la grâce du duc de Montmorency : — Je pense, lui dit le roi, que M. du Chastelet voudrait avoir perdu un bras pour sauver le coupable. — Je voudrais, sire, répondit le maître des requêtes, les avoir perdus tous deux, car ils sont inutiles à votre service, et en avoir sauvé un qui vous a gagné des batailles et qui vous en gagnerait encore.

Voilà l’homme. Ces traits n’ont jamais été contestés depuis Pellisson qui se trouve d’accord avec le médisant Tallemant des Réaux. Aussi pouvons-nous affirmer, lorsque nous trouvons du Chastelet jouant un rôle actif dans le procès de Chalais ou dans celui de Marillac, qu’il n’agissait pas en courtisan et qu’il n’écoutait que sa conscience.

Mais nous n’avons pas le loisir de relater ici ces procès. Il est temps d’arriver aux poésies.

Aussi rampant adulateur que vif et piquant railleur, dit l’historien Le Vassor, un des ennemis les plus acharnés du maître des requêtes, Chastelet faisait souvent des satires et les lisait à Richelieu pour divertir Son Éminence. Celle dont voici le préambule et qui a pour titre : Sur la diverse humeur et fortune des hommes, fut sans doute de ce nombre : elle est signée du célèbre Théophile dans le recueil de Sercy, mais ce recueil parut longtemps