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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

marqué — que je prendrai congé de Rivière et de son œuvre. Le meilleur moyen de faire connaître, je n’ose dire de faire goûter celle-ci, n’était-il pas de l’analyser patiemment, surtout dans ses parties originales, relevant les vers heureux, les expressions pittoresques, les allusions bretonnes ? Ce n’est pas dans les idées seulement, c’est dans la forme, que Rivière est un disciple enthousiaste de l’auteur de la Sepmaine, et il a encore exagéré les défauts de cette poésie polytechnique[1] ; comme Du Bartas, il a voulu forcer la Muse à pénétrer les secrets de la Nature, à revêtir ce vêtement scientifique qui l’étreint et l’étouffe ; pas plus que son maître, il n’a, malgré d’heureuses rencontres, réussi dans cette haute tâche, et n’a gagné le droit de s’écrier avec Lucrèce[2] :

… Obscurâ de re tam lucida pango
Carmina, musæo contingens cuncta lepore.

  1. C’est une expression de M. Vinet (Chrestomathie française).
  2. Lucrèce, De Nalurâ Rerum, l. IV, v. 8-9.