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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

loppement et la suprême expression de celles-là, — Rivière invective encore Gamon, qui prétend que les astres sont mobiles, errent dans le ciel ; Gamon était beaucoup plus fort en cosmographie que son adversaire, il avait eu l’idée, deux siècles à l’avance, de la belle ode de Malfilâtre, le Soleil fixe au milieu des planètes ; — ce qui ne l’empêche pas de s’entendre dire :

Tu suis la vérité comme les Puritains
De si prés que parfois tu lui roms ses patins…
Mais tu as mieux aimé le Germain imiter
Qui fait croupir les cieux et la terre volter…

Le Germain, c’est toujours Copernic. — Par ce dernier argument, Rivière a terminé son ouvrage ; il se félicite de l’avoir mené à bonne fin, il remercie Dieu, puis, selon le vieil usage, il s’adresse à son livre :

Va cependant, mon livre, et cour en divers lieux
Au hazard de la dent de beaucoup d’envieux,
Fuy tous ces malveillans, leurs langues et langages,
Recherche les pieux et sçavans personnages…
Des autres ne te chaille, et te ry des brocars
Du populaire lourd et de bien faire echars[1]
Va donc heureux, mon fils, et vy trés longuement ;
Puis, quand mes os seront hôtes d’un monument,
Toy vengeur (survivant) de la Parque maligne
Mon nom par maint endroit de la France provigne.

C’est par ce testament poétique, où perce le vif amour de la France — que Goujet lui-même a re-

  1. Echars, très ancien mot tombé en désuétude, qui signifie chiche.
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