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pronom quand ce verbe se rapporte à un substantif déterminé par une proposition relative, et le faire précéder du pronom lorsqu’il se rapporte à une proposition construite avec ce qui : La difficulté que l’on y pourroit apporter est. Ce qu’il y a de déplorable c’est. Il donne aussi la préférence à c’est quand le nominatif est trop éloigné du verbe être : Ce qui est de plus déplorable et de plus étrange en tout le cours de la vie humaine, sujette à tant de misères, c’est. Th. Corneille préfère dans les deux premiers exemples ce devant le verbe être, ainsi que la règle l’exige dans les phrases avec ce qui quand le sujet logique suivant est un substantif au pluriel. (Voy. Ex. C.) L’Académie est du même avis. Tous s’accordent à reconnaître que la phrase : les plus grands capitaines de l’antiquité ce furent Alexandre, César, Annibal (I, 414) est plus élégante que si le pronom ce avait été omis, bien qu’une pareille omission ne leur paraisse pas incorrecte.

Remarque I. Dans la langue moderne, le pronom ce accompagne le verbe être construit avec de et un infinitif, sujet logique de la phrase, lorsque celle-ci est amenée par ce qui ou ce que. Cf. au xviie siècle l’emploi contraire. Ex. Ce que j’ai principalement à faire en cet endroit, est de considérer. (Desc., Médit., III.) — Ce qu’il y a à faire en cela, est, ce me semble, de laisser le choix de l’un ou de l’autre à celui qui parle. (Vaugel., II, 68.) — Le moyen d’accorder ces contradictions apparentes, qui attribuent nos bonnes œuvres tantôt à Dieu et tantôt à nous, est de reconnoître que, etc. (Pasc., Prov., XVIII.)

Remarque II. L’ancien usage d’omettre le ce dans d’autres constructions encore ne se rencontre guère plus que dans les Contes de La Fontaine. Ex. : Et quand venoit aux fêtes solennelles, C’étoit alors que Richard triomphoit. (Contes, II, 8, 62.) — Quand vint à la chemise, La pauvre épouse eut en quelque façon De la pudeur. (Contes, IV, 10,113.) — L’y rencontrer étoit chose facile, Et supposé que facile ne fût, Falloit, etc. (Contes, IV, 3,159.) — Pour Dieu, Monsieur, je vous prie, avisez Que ne soit trop. (Contes, II, 4, 100.)

§ 20. A. Le pronom ce sert souvent de sujet au verbe être la place du pronom neutre il, dans l’ancienne langue. Cet emploi se rencontre encore de loin en loin au xviie siècle.

Ex. : Quoi que c’en soit, si vous ne m’aimiez…, je craindrois, etc. (Balz., Lettr., IV, 16.) — Quoi que c’en soit, mon parent de Châtellerault demeure onze heures à cheval. (La Font., Lettr. à sa femme, 19 sept. 1663.) — Ce lui fut force de hasarder la bataille. (Malh., I, 407.) — La théologie est une science, mais en même temps combien est-ce de sciences ? (Pasc., Pens., I, 48.) — C’est plus difficile de naître ou de ressusciter que, etc. (Id., Pens., II, 17.)

B. Cela remplace ce ou il neutres et sert de sujet au verbe