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coordination des substantifs noms de choses. Ex. : Je les ai reçues (les lettres) et les avis que vous me faites la faveur de me donner. (Balz., Lettr. à Chapel., II, 3.) — Ressouviens-t’en volage et des chastes douceurs Qu’un mutuel amour répandit dans nos cœurs. (Corn., Tois. d’or, III, 3, 1180.) — Cf. le même cas avec un sujet de la phrase. Ex. : Je me porte bien... et toute la famille. (Rac., Lettr., VII, 245.) — Vous périrez peut-être et toute votre race. (Id., Esther, I, 3, 238) et autres.

Remarque III. L’accusatif d’un pronom tonique, employé pour donner plus de force au pronom, après un verbe, tenant lieu d’un autre verbe (verbum vicarium), ne se trouve plus guère que chez Malherbe. Ex. : J’oserai dire avec votre congé à M. de Cassagnac que je suis bien glorieux de vivre en la mémoire d’une personne que j’estime comme je fais lui. (Malh., III, 450.) Cet emploi était très fréquent au xvie s.

Remarque IV. On trouve la forme tonique du pronom personnel sans à servant, par anacoluthe, à accentuer un datif atone. Il ne me plaît pas, moi. (Mol., Mis., IV, 3, 1356.) — Quels biens vous rendrai-je, Seigneur, Vous que je dois nommer l’ange de mon bonheur. (Id., L’Ét., IV, 2, 1390.) — Adieu vous dis, vous et vos jours de fête. (La Font., Contes, II, 8, 238.)

§ 12. On remplaçait souvent les noms de choses non personnifiées par le pronom tonique de la 3e pers., même lorsqu’on pouvait se servir de en et de y.

Ex. : Le but qui semble s’éloigner de nous, quand nous nous voulom approcher de lui. (Balz., Diss. polit., VI.) — Il falloit arracher mon sceptre à mon rebelle, Le remettre en ma main pour le recevoir d’elle. (Corn., D. Sanche, III, 1, 810.) — Et au dehors, outre l’extension, les figures, les mouvemens des corps, je remarquois en eux de la dureté, de la chaleur, et toutes les autres qualités qui tombent sous l’attouchement. (Desc., Médit., VI.) — Pour mon cœur, vous pouvez vous assurer de lui. (Mol., F. sav., IV, 5, 1451.) — Le nombre de huit est le nombre de la justice, à cause de l’égalité qui se rencontre en lui. (Id., La Jalousie du Barbouillé, sc. 2.) — Le soleil ne manque jamais, depuis tant de siècles, à servir les hommes, qui ne peuvent se passer de lui. (Fén., Exist., I, 2, 17.)

Th. Corneille (I, 177) exige l’emploi qui prévaut aujourd’hui et qui consiste à éviter autant que possible le pronom tonique de la 3e pers. en parlant de choses.

§ 13. L’ancienne langue ne distinguait pas d’une manière