Page:Haase - Syntaxe française du XVIIe siècle.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lustre qui s’efface aisément. (La Rochef., Max., I, 145.) — À quoi ressemble notre conduite ? Donnez-y un nom. (Sév., X, 272.) — Nous avons vu le château de S. en passant ; nous y avons donné notre bénédiction. (Id., V, 282.)

Remarque IV. D’autre part, on trouve lui atone au lieu de y remplaçant des noms de choses. Cet usage est déjà blâmé dans la grammaire de Port-Royal (2e part., chap. VIII). Ex. : Figurez-vous une période qui ait toute l’étendue qu’on lui peut souffrir. (Vaugel., I, 166.) — Vous ne pouvez jamais faire l’infini d’un composé fini, en lui ajoutant une seule unité finie. (Fén., Exist., II, 3, 43.)

§ 11. Le cas oblique du pronom tonique, c’est-à-dire le datif sans préposition et l’accusatif, dépendant étroitement du verbe, est d’un usage courant dans l’ancienne langue et se retrouve encore dans quelques tournures du xvie siècle. [Ex. : Souvienne-toy = qu’il te souvienne.] On ne les trouve plus au xviie siècle. Dans l’ancien français la forme tonique du pronom personnel était rigoureusement exigée avec un infinitif, un participe ou un gérondif. Au xve siècle, cet emploi commence à se limiter aux pronoms réfléchis ou autres employés à leur place ; quelques auteurs du commencement du xvie siècle le conservent ; à la fin de ce siècle, il disparaît, sauf dans La Fontaine. Ex. : Tant (elles) ne songeoient au service divin Qu’à soi montrer ès parloirs aguimpées Bien blanchement. (Contes, II, 16, 37.)

Palsgrave (p. 339-342) érige en règle l’emploi de soi devant un infinitif et un gérondif et de se devant une forme personnelle du verbe[1].

A. Selon l’ancien usage, très courant encore au xvie siècle, on trouve au xviie la forme tonique du pronom avec à au lieu du datif atone sans qu’il y ait intention de l’accentuer. Cet emploi est fréquent, surtout avec les verbes parler et attacher. (Parler à lui se rencontre souvent aussi à une époque ultérieure.)

Ex. : À quel dessein vient-il parler à moi, Lui que je ne vois point, qu’à peine je connoi ? (Corn., Hér., II, 4, 580.) — Pour lors il n’y avoit pas moyen de parler à lui. (Vaugel., Q.-C., IV, 5) — Monsieur, un homme est là qui veut parler à vous. (Mol.,

  1. Il donne comme exemples : Mieux vouloit soy laisser périr. La dite nymphe soy confiant de la grandeur de son origine, etc. Il se tua ; il se regarda.