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seurs plus qu’il n’auroit fallu. (Mol., Mis., III, 4, 891.) — Vous avez plus de feu que n’ont les jeunes gens. (Saint-Évremond dans La Font., IX, p. 403.) — Ce conseil... eut, comme avoit eu l’assemblée de l’Hôtel de Ville, des suites funestes. (La Rochef., Mém., II, 419.) — Mais je voudrois qu’ici vous puissiez recevoir Tout autant de plaisir que j’ai de vous y voir. (Regn., Démocrite, III, 3.) — Hélas ! elle aime un autre. (Corn., Pol., II, 1, 460.) — Bientôt à cet effort, fais succéder un autre. (Id., Poés. div., X, p. 130, v. 7.) — Toujours avec un sens il se présente un autre. (Rac., Iphig., II, 1, 433[1].) — Tous d’une commune voix vous nommèrent, et il n’y eut pas un seul qui vous refusât ses suffrages. (La Bruy., I, 37, var.)

Vaugelas (II, 451) exige l’emploi de en dans des phrases comme celle-ci : L’argent est un instrument nécessaire pour faire de grandes choses : ceux qui en ont, etc. ; ou je n’en ai point, et blâme Malherbe qui l’omet souvent, comme dans : Si vous aviez d’aussi pertinentes raisons de votre silence comme j’ai du mien. Et pourtant Malherbe lui-même exigeait la présence de en chez Desportes dans : Et par mêmes appas autres pourchasseront, qu’il corrigeait en : en pourchasseront d’autres. (IV, 364 ; C. D. El., I, 9.) Th. Corneille l’exige aussi dans les phrases comparatives que nous venons d’étudier.

Remarque. Imposer à quelqu’un dans le sens de : le tromper, lui en faire accroire, est employé de préférence aujourd’hui avec en : en imposer à quelqu’un ; tandis que : imposer à quelqu’un = lui inspirer du respect, de la crainte, s’emploie plutôt sans pronom. Au xviie siècle, et même au xviiie, on trouve souvent imposer dans le sens de « tromper » sans en. Littré l’admet aussi pour la langue d’aujourd’hui ; selon lui, les deux expressions ont tantôt l’une, tantôt l’autre acception, et il allègue comme exemple la phrase de Massillon : Il ne veut ni imposer aux autres, ni s’en imposer à soi-même. (Or. fun. Prince de Conti.) — Cf. encore : La censure des yeux, étant plus exacte et plus assurée que celle de l’oreille, à qui il est très aisé d’imposer. (Vaugel., I, 44.) — Ils imposèrent par ces artifices au pape Honorius. (Boss., Hist., I, 11.) — Vous avez là-dessus trompé le peuple, comme vous lui avez imposé sur la religion. (Fén., Dial. des Morts, X.)

§ 10. I. Y dans son acception d’adverbe de lieu s’est tellement enraciné dans l’expression « il y a » que la langue moderne ne s’en passe plus, tandis que l’ancien français l’omettait souvent, surtout avec une autre détermination de lieu. On

  1. Citation fausse. Le vers de Racine porte : Toujours avec un sens il (l’oracle) en présente un autre.