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A. Au xviie siècle on l’emploie à peu près avec les mêmes verbes qu’aujourd’hui, et, en plus, avec les verbes : se courir et se revoler.

Ex. : Les jeux finis, ils s’en coururent presque tous vers Q..., (Malh., I, 440.) — Nicomacus s’en court à son frère. (Vaugel., Q.-C., VI, 7.) — À la fin le pauvre homme S’en courut chez celui qu’il ne réveilloit plus. (La Font., Fabl., VIII, 2, 47.) — Ce discours fut à peine proféré, Que l’écoutant s’en court. (Id., Contes, V, 5, 76.) — À l’ouïr parler, s’il ne retenoit la religion ici bas, elle s’en seroit revolée au ciel. (Balz., Prince, XX.)

B. En adverbe n’est pas encore définitivement uni au verbe fuir, dont il est souvent séparé.

Ex. : Celui que vous pensez qui s’en soit fui au désert, etc. (Balz., Prince, VIII.) — Les Barbares s’en étoient fuis. (Vaugel., Q.-C., III, 4.) — Lequel s’en étoit fui aux Indes. (Id., Q.-C., VI, 6.) — Il s’en est fui de chez moi. (Mol., M. de Pourc., II, 2.) — Vite, fuis t’en, m’ayant mis à ta place. (La Font., Contes, IV, 12, 155.) — Ses envieux osèrent l’accuser d’avoir été défait et de s’en être fui lui-même. (Fléch., Théod., I, 81.)

Notons pour d’autres verbes un fait analogue dans la langue populaire d’aujourd’hui : tout ce qui s’en a suit et : je me suis en allé.

C. De même on trouve en répété devant les verbes s’ensuivre, s’enfuir, s’envoler, et figurant ainsi dans son acception propre d’adverbe de lieu, sans qu’il se rapporte à un antécédent explicite. Cela vient de ce qu’on ne le sent plus dans les verbes dont il est devenu partie intégrante.

Ex. : Il s’en est enfui. (Malh., II, 415.) — Au lever de cette lumière tous les fantômes du paganisme s’en sont enfuis. (Balz., Diss. crit., III.) — La médecine le travailla de telle sorte que les accidens qui s’en ensuivirent fortifièrent l’accusation. (Vaugel., Q.-C., III, 6.) — Quels inconvéniens auroient pu s’en ensuivre... (Mol., Amph., II, 3, 1165.) — Ses paroles miellées S’en étant aux vens envolées. (La Font., Fabl., X, 10, 27[1].) — Je crains qu’en écrivant cette lettre tous les oiseaux ne s’en soient envolés. (Sév., IX, 287.)

  1. Dans la plupart des éditions modernes : X, 11.