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contraire, érige en règle d’exprimer le pronom, sauf avec l’impératif, et n’en admet l’omission que dans des réponses comme celle-ci : Tu as chanté ? Non ai. De même Garnier et H. Estienne exigent qu’on exprime le pronom. Malherbe a beau reprocher cette omission à Desportes à maintes reprises (p. ex. IV, 280 ; C. D. D. II. songe ; IV, 392 ; C. D. El. II, av. 1re ; IV, 324 ; C. D. Am. d’H., ch. 7, etc., etc.), il ne la fait pas moins lui-même, comme on le voit dans les exemples précités. Vaugelas (II, 144) en blâme l’omission comme une faute courante chez plusieurs auteurs d’une époque antérieure de vingt à vingt-cinq ans à la sienne. Il appelle cette omission un « barbarisme » (II, 353). Aubert de même pour : semble que et vaut mieux.

Remarque I. Dans la langue actuelle : suffit, en réponse à un propos quelconque, se trouve encore sans pronom. — Tenir, verbe impersonnel, ne peut guère plus s’employer sans pronom que dans la locution : qu’à cela ne tienne. On ne trouverait plus guère : À moi ne tiendra pas que la beauté que j’aime Ne me quitte bientôt pour un autre moi-même. (Corn., Pl. Roy., I, 4, 273.) — À quoi tenoit que je n’exécutais mon dessein. (Vaugel., Q.-C., VI, 10.) — À quoi tient.... Que vous ne m’ayez attendu ? (La Font., Contes, III, 7, 233.) — La locution : s’il est ainsi que, quoique vieillie, est plus moderne que : si ainsi est. Ex. : Mais si ainsi est qu’elle me veuille continuer les témoignages de sa haine. (Malh., IV, 156.) — Que quand ainsi seroit qu’il viendrait d’altus,... il ne s’ensuivroit pas, etc. (Vaugel., Rem., II, 335.) Très souvent l’omission du pronom venait tout naturellement d’une construction différente de la nôtre. (Cf. D. les exemples avec y a et le sujet logique qui précède.) De même des phrases comme : Un ordre de vider d’ici... et faire place à d’autres, Sans délai ni remise, ainsi que besoin est. (Mol., Tart., V, 4, 1751.) — Besoin n’étoit qu’elle fit la jalouse. (La Font., Contes, III, 3, 24.)

Remarque II. L’emploi du pronom sujet avec l’impératif, courant dans l’ancienne langue, se rencontre encore souvent au xvie siècle ; on le trouve au xviie siècle chez quelques auteurs, par ex. chez Malherbe et chez Scarron. Ex. : La reine lui dit : Monsieur de Sully, vous soyez le bienvenu. (Malh., III, 466.) La formule vous soyez le bienvenu est employée le plus souvent avec le pronom, parce que soyez est un subjonctif dit de désir. Vous soyez le très bienvenu, Lui dis-je. (Scarr., Virg., II.) — Et lors cria maître Hélénus : Vous soyez les très bienvenus. (Ibid., III.)

§ 9. I. En adverbe.

En, dans son acception propre d’adverbe de lieu, s’employait dans l’ancienne langue avec beaucoup de verbes marquant le mouvement ; aujourd’hui il n’est usité qu’avec un nombre déterminé de ces verbes auxquels il est lié d’une manière plus ou moins étroite.