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trouvée : jamais il ne lui échappa une seule parole, ni ne changea de visage, mais se tint là assise sans se mouvoir. (Vaugel., Q.-C., IV, 15.) — Aristandre demeura tout confus, et la peur lui fit perdre la parole, qui enfin étant revenue par une autre peur qu’il eut de faire trop attendre sa réponse, dit au roi. (Id., Q.-C., VII, 7.) — « Hi, hi, hi, lui fit-elle en lui riant au nez, voilà comme on répond aux folles, » et passe son chemin. (Sév., III, 3.) — Non, Madame (dit Mlle  du Plessis), c’est douze cents pièces ou onze cents... et le répéta vingt fois. (Id., II, 281.) — Cf. chez La Fontaine : Si s’en revient tout fier en son village, où ne surprit sa femme en oraison. (Contes, I, 4, 8 et 9.) — Si se mit dans l’esprit, Mourût ou non, d’en passer son envie, Puisqu’aussi bien plus vivre ne pouvoit. (Contes, II, 4, 38, 39 et 40.) — Le galant, en effet, Crut que par là baiseroit la commère. (Contes, I, 5, 9.)

D. le pronom il neutre (omission qui se rencontre plus souvent que les autres). Cette ellipse s’est conservée dans quelques locutions de la langue actuelle[1] et dans le langage populaire, par ex. dans des phrases avec faut ; y a ; etc. [Faudrait prendre du thé. (H. Monn., 1, 18.) — Y a qu’à voir la Lyonnaise. (Id., I, 6.)]

Ex. : C’est un ordre qui durera éternellement, et ne sera jamais siècle qui n’ait des jours limités. (Malh., II, 141.) — Les vivans ne font rien, à mon, avis, de plus impertinent que cela, et n’est pas jusqu’à nous autres morts à qui cela ne déplaise. (Voit., I, 352.) Chez La Fontaine : De tous côtés lui vient des donneurs de recettes. (Fabl., VIII, 3, 7.) — Contes : Chacun y court ; n’est fils de bonne mère Qui pour le voir ne quitte toute affaire. (V, 1, 269.) — Sous le ciel n’est un plus bel animal. (III, 5, 267.) — Cf. Point n’en resta que le sire Mazet ne régalât. (Contes, II, 16, 171.) — Mais y a tant de gloire à n’être point variable. (Malh., II, 463.) — J’espère que nous verrons bientôt ensemble, et n’y a pas d’apparence qu’il soit le plus fort dans nos conférences. (Balz., Lettr., VIII, 37.) — Le Valentin, Madame, puisque Valentin y a, est une maison qui, etc. (Voit., I, 319.) — Longtemps y a que je l’ai dit en rime. (Id., I, 191. Poés.) — Car en cet exemple « parce qu’il mande de la bonne volonté » n’y a point de sens. (Vaugel.,

  1. Aujourd’hui on exprime toujours le pronom, cependant la langue a conservé un assez grand nombre de locutions où le pronom (il, neutre) fait défaut. Ex. : De là vient que ; si bon vous semble ; à Dieu ne plaise ; reste à savoir ; tant y a ; tant s’en faut ; mieux vaut tard que jamais, etc.