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C. Ce même pronom, comme complément direct, ne s’exprimait pas non plus devant un infinitif dépendant d’une proposition. Dans l’ancien français, on ne pouvait mettre à cette place un pronom atone, et l’infinitif, ayant le caractère d’un substantif, pouvait facilement se passer d’un complément direct.

Ex. : Il donna donc le gouvernement de l’Égypte à Eschyle Rhodien et à Pucestes Macédonien, avec quatre mille hommes de guerre pour mettre en garnison dans les places. (Vaugel., Q.-C., IV, 8.) — Alexandre... ordonna qu’on choisît treize mille hommes de pied et deux mille chevaux pour retenir en Asie. (Ibid., X, 2.) — Notre langue semble y avoir pourvu en nous donnant de certains mots plus doux et plus courts pour substituer en sa place. (Id., Rem., I, 173.) — Il ne fut pas difficile de trouver un officier pour mettre à sa place. (Fléch., Théod., III, 53.)

Vaugelas (I, 95), et avec lui Th. Corneille et l’Académie, blâment chez les auteurs de leur temps l’omission du pronom complément devant lui et leur. Dans des phrases comme : Ceux qui sont plus amoureux d’elle, elle les estime le moins (Malh, IV, 426 ; C. D. Div. Am., ch. 1) et : Tout ce que vous voulez, je le veux (Ibid., 451, Berg. et Masc. Disc.), Malherbe exigeait la présence de les et le, dont l’omission lui semblait devoir donner à l’expression un tour allemand. Richelet admet cette omission dans la langue parlée, mais non pas dans la langue écrite.

§ 5. Les substantifs employés sans article ne peuvent être remplacés aujourd’hui par un pronom de la 3e personne, comme on faisait encore couramment au xviiie siècle. Ces substantifs sont remplacés au xviie siècle :

A. par le pronom personnel à l’accusatif ;

Ex. : Parce que je fais grâce volontiers, je m’attends aussi de la recevoir. (Balz., Lettr., VI, 14.) — Je trouve qu’il a aussi bonne grâce en vers qu’il l’a mauvaise en prose. (Vaugel., Rem., II, 305.) — Il dit qu’il aimoit mieux donner passage à ceux qui le poursuivoient que l’ôter à ceux qui se sauvoient. (Id., Q.-C., IV, 16.) — Voyant un cavalier auprès de moi qui vouloit monter à cheval, je le lui ôtai. (La Rochef., Mém., II, 127.) — Si vous avez reçu ma lettre, vous avez tort ; si elle a été perdue, vous ne l’avez pas. (Sév., V, 247.) — On ne parle ici que de guerre, je la souhaite pour l’amour de vous. (Maint., Corr., I, 109.) — Les