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POLYMNIE, LIVRE VII.

rendirent chacun dans son gouvernement, et exécutèrent avec toute l’ardeur imaginable les ordres du roi, afin de recevoir les récompenses promises.

XX. Ce fut ainsi que Xerxès leva des troupes, et sur le continent il n’y eut point d’endroit à l’abri de ses perquisitions. On employa, après la réduction de l’Égypte, quatre années entières[1] à faire des levées et à amasser des provisions ; enfin il se mit en marche dans le courant de la cinquième à la tête de forces immenses. Car, de toutes les expéditions dont nous ayons connaissance, celle-ci fut sans contredit de beaucoup la plus considérable. On ne peut lui comparer ni celle de Darius contre les Scythes, ni celle des Scythes qui, poursuivant les Cimmériens, entrèrent en Médie, et subjuguèrent presque toute l’Asie supérieure, raison qui porta dans la suite Darius à chercher à se venger d’eux. Il faut penser de même de l’expédition des Atrides contre Troie, et de celle des Mysiens et des Teucriens, qui, avant le temps de la guerre de Troie, passèrent le Bosphore pour se jeter dans l’Europe, subjuguèrent tous les Thraces, et, descendant vers la mer Ionienne, s’avancèrent jusqu’au Pénée, qui coule vers le midi.

XXI. Ces expéditions et toutes celles dont je n’ai point parlé ne peuvent être mises en parallèle avec celle-ci. En effet, quelle nation de l’Asie Xerxès ne mena-t-il pas contre la Grèce ? quelles rivières ne furent pas épuisées, si l’on en excepte les grands fleuves ? Parmi ces peuples, les uns fournirent des vaisseaux, les autres de l’infanterie, d’autres de la cavalerie : ceux-ci des vaisseaux de transport pour les chevaux et des troupes, ceux-là des vaisseaux longs

  1. Darius fut trois ans à faire les préparatifs nécessaires pour la guerre de Grèce ; la quatrième année, l’Égypte se révolta, et ce prince mourut l’année suivante, qui était la cinquième année depuis la bataille de Marathon. Xerxès employa quatre ans aux préparatifs qu’il fit, et dans le courant de la cinquième année il se mit en chemin. Enfin, après une marche très-longue, il arriva à Sardes, où il séjourna pendant l’hiver. Au commencement du printemps, il passa à Abydos, et de là en Grèce. Il s’ensuit de ce calcul que Xerxès ne passa en Grèce que la onzième année après la bataille de Marathon. Cela s’accorde bien avec ce que dit Thucydide, que ce prince entreprit son expédition la dixième année après cette bataille. (Wesseling.)

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