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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

parer un stade et une palestre, dans l’intention de les y éprouver.

CXXVII. Smindyrides, fils d’Hippocrates, y vint d’Italie. Il était de Sybaris, ville alors très-florissante, et avait porté le luxe et la mollesse au plus haut degré[1]. Damasus de Siris y arriva aussi ; il était fils d’Amyris, surnommé le Sage. Ceux-là vinrent d’Italie. Amphimnestus, d’Épidamne, fils d’Épistrophus, y vint du golfe Ionien. Celui-là vint du golfe Ionien. On y vit aussi un Étolien, frère de Titormus[2], qui surpassait les Grecs par sa force extraordinaire, et qui, fuyant le commerce des hommes, s’était retiré jusqu’à l’extrémité de l’Étolie. Ce frère de Titormus s’appelait Malès. Léocèdes, fils de Phidon, y vint du Péloponnèse ; il descendait de Phidon, tyran d’Argos, qui établit les mesures dans le Péloponnèse, et qui, de tous les Grecs, se conduisit de la manière la plus insolente, en chassant les agonothètes des Éléens[3], et en réglant lui-même en leur place les jeux olympiques : Amyantus, fils de Lycurgue, de Trapézunte en Arcadie ; Laphanès Azanien, du bourg de Pæos, fils de cet Euphorion qui reçut dans sa maison les Dioscures, suivant la tradition des Arcadiens, et qui depuis ce temps-là exerça l’hospitalité envers tous les

  1. Ce Sybarite partit d’Italie avec mille oiseleurs et cuisiniers. Dans le repas que donna Clisthène à ses hôtes après leur arrivée, Smindyrides ne voulut pas permettre que personne se mit à table près de lui, disant qu’il n’y souffrirait que la princesse pour laquelle il était venu. M. Blanchard, qui rapporte ce trait historique d’après Suidas, est fâché que l’histoire ne nous ait pas instruit du succès de cette prétention. S’il eût lu Hérodote, il aurait vu que Smindyrides n’eut pas la princesse. (L.)
  2. Ce Titormus d’Étolie était, au rapport d’Alexandre d’Étolie, extrêmement vorace. Il disputa un jour avec Milon de Crotone à qui aurait plus tôt mangé un bœuf entier. Cela paraît incroyable. On conte cependant de ce dernier qu’il chargea sur ses épaules un taureau de quatre ans, le porta d’un bout à l’autre du stade, le tua ensuite, le coupa par morceaux, et le mangea lui seul en un jour. Théodore d’Hiérapolis raconte que Milon mangeait par jour vingt mines de viande et autant de pain, et qu’il buvait trois conges de vin ; c’est-à-dire qu’il mangeait un peu plus de 17 livres de viande et autant de pain. Ce dernier choque moins la vraisemblable, et rend incroyables les deux premiers. (L.)
  3. Juges qui présidaient aux jeux olympiques. On les prenait parmi les Éléens, qui plus tard furent privés de ces fonctions honorables par les intrigues des Piséens ; ce qui amena une guerre sanglante entre les deux peuples. (Miot.)