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ÉRATO, LIVRE VI.

les tribus se suivaient, chacune suivant le rang qu’elle tenait dans l’État, et sans laisser d’intervalle entre elles. Les Platéens étaient les derniers, et à l’aile gauche. Depuis cette bataille, lorsque les Athéniens offrent des sacrifices dans les fêtes qu’ils célèbrent tous les cinq ans[1], le héraut comprend aussi les Platéens dans les vœux qu’il fait pour la prospérité des Athéniens. Suivant cet ordre de bataille, le front de l’armée athénienne se trouvait égal à celui des Mèdes. Il n’y avait au centre[2] qu’un petit nombre de rangs, et de ce côté l’armée était très-faible ; mais les deux ailes étaient nombreuses et fortes.

CXII. Les Athéniens étaient rangés en bataille[3], et les victimes n’annonçaient rien que de favorable. Un intervalle de huit stades[4] séparait les deux armées. Au premier signal, les Athéniens franchirent en courant cet espace. Les Perses, les voyant accourir, se disposèrent à les recevoir ; mais remarquant que, malgré leur petit nombre et le défaut de cavalerie[5] et de gens de trait, ils se pressaient dans leur marche, ils les prirent pour des insensés qui couraient à une mort certaine. Les barbares s’en faisaient cette idée ; mais les Athéniens les ayant joints, leurs rangs serrés, firent des actions mémorables. Ce sont, autant que nous avons pu le savoir, les premiers de tous les Grecs qui aient été à l’ennemi en courant, qui aient envisagé sans

  1. Les Délies et les Panathénées se célébraient tous les ans. Il est probable qu’Hérodote parle ici des Panathénées, qui avaient plus de célébrité que les Délies. (Voyez Meusius, Panathenæa, cap. xxvi.)
  2. Le centre, ou corps de bataille, n’était composé que des tribus Léontide et Antiochide. Thémistocle commandait la première, et Aristide la seconde. (L.)
  3. Xénophon rapporte que les Athéniens firent vœu d’immoler à Diane autant de chèvres qu’ils tueraient d’ennemis ; et que, n’en pouvant trouver un nombre suffisant, ils résolurent d’en sacrifier tous les ans cinq cents. Élien raconte le même fait, avec quelque légère différence. Ce fut, selon lui, Miltiade qui fit vœu d’immoler trois cents chèvres. (L.)
  4. Il y a une grande apparence qu’Hérodote ne veut parler ici que du plus petit stade, qui est d’environ cinquante toises, et qu’il entend par course non une course véritable, mais le pas redoublé.
  5. L’Attique n’avait point de pâturages, et par conséquent les Athéniens n’entretenaient point de cavalerie ; ils prenaient à leur solde de la cavalerie de Thessalie. Mais ce pays était alors entre les mains des Perses, et d’ailleurs il paraît que les Thessaliens étaient attachés aux Pisistratides. (L.)