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ÉRATO, LIVRE VI.

Athènes un sacrifice aux douze dieux, ils s’assirent près de l’autel en posture de suppliants, et se donnèrent aux Athéniens. Sur cette nouvelle, les Thébains marchèrent contre les Platéens, et les Athéniens volèrent à leur secours. Les deux armées étaient sur le point d’en venir aux mains, mais les Corinthiens ne le souffrirent pas ; ils accoururent en diligence, les réconcilièrent, et réglèrent les limites, de l’aveu des deux parties, à condition que les Thébains laisseraient tranquilles ceux d’entre les peuples de Béotie qui ne voudraient pas être mis au rang des Béotiens. Les Corinthiens se retirèrent chez eux après cette décision, les Athéniens en firent autant de leur côté ; mais les Béotiens les ayant attaqués dans leur marche, ils fondirent sur eux et remportèrent la victoire. Ils passèrent les limites que les Corinthiens avaient fixées au territoire de Platée, et mirent pour bornes entre les Béotiens et les Platéens l’Asope même et Hysies. Les Platéens s’étant donc donnés aux Athéniens de la manière que nous venons de dire, ils vinrent alors à leur secours à Marathon.

CIX. Les généraux athéniens n’étaient point d’accord ; les uns ne voulant pas qu’on combattît, parce qu’ils étaient en trop petit nombre ; les autres, et surtout Miltiade, étant d’avis qu’on donnât la bataille. Les généraux étaient donc partagés, et le pire des deux avis allait prendre le dessus, lorsque Miltiade s’adressa au polémarque. Le polémarque[1] s’élit par le suffrage des fèves ; il donne sa voix le onzième, et, suivant un ancien règlement, elle est d’un poids égal à celle des généraux. Callimaque d’Aphidnes était alors revêtu de cette dignité. Miltiade s’adressa donc à lui : « Callimaque, lui dit-il, le sort d’Athènes est actuellement entre vos mains ; il dépend de vous de la mettre dans les fers, ou d’assurer sa liberté en acquérant une gloire immortelle, et telle que n’en a jamais approché celle d’Har-

  1. Le polémarque était le troisième des neuf archontes. Il offrait des sacrifices à Diane Agrotera, c’est-à-dire la chasseuse, et à Mars. Ces sacrifices se faisaient tous les ans, en mémoire de la victoire remportée à Marathon. Il réglait les jeux funèbres qu’on célébrait en l’honneur de ceux qui étaient morts à la guerre. Il faisait des sacrifices funèbres à Harmodius et à Aristogiton. Il jugeait les métœques, ou étrangers domiciliés, et exerçait à leur égard la même autorité que l’archonte éponyme envers les citoyens. (L.)

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