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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

secrètement à ce dessein. Cimon fut enterré devant la ville, au delà du chemin qui traverse Cœlé ; et vis-à-vis de lui sont enterrés ses chevaux, qui avaient gagné trois fois le prix aux jeux olympiques. Les chevaux d’Évagoras de Lacédémone avaient eu aussi le même avantage ; mais il n’y en a point qui aient remporté un plus grand nombre de victoires que ceux de Cimon. Stésagoras, l’aîné des enfants de Cimon, était pour lors dans la Chersonèse chez Miltiade, son oncle paternel ; et le plus jeune, nommé Miltiade, du nom de celui qui avait mené une colonie dans la Chersonèse, était à Athènes auprès de Cimon son père.

CIV. Ce Miltiade, qui était alors revenu de la Chersonèse, était un des généraux. Il avait évité deux fois la mort : la première, lorsque les Phéniciens le poursuivirent jusqu’à Imbros, se faisant une affaire capitale de le prendre et de le mener au roi ; la seconde, lorsqu’au sortir de ce péril, et se croyant en sûreté dans sa patrie, il fut, à son arrivée, attaqué par des ennemis, qui l’accusèrent en justice de s’être emparé de la tyrannie dans la Chersonèse. S’étant aussi justifié contre leurs accusations, il fut élu général des Athéniens par les suffrages du peuple.

CV. Avant de sortir de la ville, les généraux envoyèrent d’abord à Sparte, en qualité de héraut, Phidippides, Athénien de naissance, et hémérodrome (courrier de jour) de profession. S’il faut en croire le rapport que fit à son retour Phidippides lui-même, Pan lui apparut près du mont Parthénion, au-dessus de Tégée, l’appela à haute voix par son nom, et lui ordonna de demander aux Athéniens pourquoi ils ne lui rendaient aucun culte, à lui qui avait pour eux de la bienveillance, qui leur avait déjà été utile en plusieurs occasions, et qui le serait encore dans la suite. Les Athéniens ajoutèrent foi au rapport de Phidippides ; et, lorsqu’ils virent leurs affaires prospérer, ils bâtirent une chapelle à Pan au-dessous de la citadelle. Depuis cette époque, ils se rendent ce dieu propice par des sacrifices annuels, et par la course des flambeaux[1].

  1. Voici en quoi consistait cette course. Un homme, une torche à la main, courait, de l’autel du dieu en l’honneur de qui se célébrait cette course, jusqu’à un certain but, sans éteindre son flambeau. Si le flambeau de celui qui