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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

que son caprice. « Cléomène, dit Polybe, détruisit le gouvernement de sa patrie, et changea une royauté légitime en tyrannie. » Tite-Live confirme le témoignage de cet historien. Antigonus, Macedonum rex, cum Cleomene, Lacedæmoniorum tyranno, signis collatis dimicasse dicebatur. Le même Tite-Live s’était expliqué avec encore plus de clarté. Pulsus (Agesipolis) infans ab Lycurgo tyranno post mortem Cleomenis, qui primus tyrannus Lacedæmone fuit. Agésipolis succéda à Cléomène ; mais il fut chassé dans son enfance par Lycurgue, qui s’était emparé de la tyrannie. Ce jeune prince ayant été député peu après à Rome par les exilés de Lacédémone, afin de réclamer la protection du sénat, le vaisseau qu’il montait fut pris par les corsaires, et il périt avec tous ceux dont il était accompagné. Lycurgue lui-même ne jouit pas longtemps de la tyrannie : on ignore s’il mourut de maladie, ou s’il fut chassé. Quoi qu’il en soit, le tyran Machanidas lui succéda : sa tyrannie ne fut pas longue ; il périt dans une action contre les Achéens. Nabis n’eut pas plutôt appris sa mort, qu’il s’empara de la tyrannie. Il fut tué dans la suite par les Ætoliens.

Quant à la seconde maison des rois de Lacédémone, Eurydamidas, fils de l’infortuné Agis, qui avait été condamné à mort par les éphores, succéda, quoique enfant, à son père. Le tyran Cléomène, dont nous venons de parler, le fit empoisonner par les éphores. Après cette atrocité, il mit, contre toutes les lois, en la place de ce prince, son propre frère Épiclidas, comme l’appelle Pausanias, ou plutôt Euclidas, dont il connaissait l’incapacité. Cet Euclidas en donna des preuves à la bataille de Sellasie. S’étant laissé envelopper par les Acarniens et les Illyriens, il fut tué avec tous ceux qui étaient sous ses ordres. Les deux frères avaient auparavant cassé le sénat, et avaient substitué à ce corps respectable des hommes dévoués à leurs volontés sous le nom de patronomes, c’est-à-dire législateurs de la patrie, terme jusqu’alors inconnu, qui ne pouvait en imposer qu’à la tourbe, qui se contente plus de mots que de raisons.

Nous avons vu Agésipolis, Eurydamidas, Euclidas, Ly-