Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 2, 1850.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
CALLIOPE, LIVRE IX.

Hégésistrate fils d’Aristagoras, à l’insu de Théomestor, fils d’Androdamas, leur tyran, et des Perses, qui lui avaient donné la tyrannie de Samos. S’étant adressé aux généraux, Hégésistrate, entre beaucoup de raisons qu’il allégua, leur dit qu’ils n’auraient qu’à se montrer pour faire révolter l’Ionie ; que les Barbares ne les attendraient pas, ou que, s’ils le faisaient, ils ne pourraient jamais trouver une plus riche proie. Invoquant ensuite les dieux, qui leur étaient communs, il les exhorta à les délivrer de la servitude, eux qui étaient Grecs aussi, et à les venger des Barbares. Il leur représenta la facilité de cette entreprise ; que les vaisseaux des Perses voguaient mal, et qu’ils n’étaient pas si propres pour les combats que les leurs ; que, s’ils les soupçonnaient de vouloir les jeter frauduleusement dans quelque péril, ils consentaient à monter sur leurs vaisseaux pour leur servir d’otages.

XC. Comme le Samien faisait beaucoup d’instances, Léotychides lui demanda son nom, soit qu’il voulût en tirer un présage, soit par un coup de la fortune que Dieu dirigeait. Mon hôte de Samos, quel est votre nom ? Hégésistrate, répondit-il. J’accepte ce présage, reprit Léotychides, sans lui laisser achever son discours, en cas qu’il eût encore quelque chose à dire. Mettez à la voile sur-le-champ, après nous avoir promis avec serment, vous et ceux qui vous accompagnent, que les Samiens feront alliance avec nous, et qu’ils nous secourront avec zèle.

XCI. Il parlait encore, et le traité était déjà bien avancé. Sur-le-champ les Samiens engagent leur foi, promettent l’alliance avec serment, et remettent ensuite à la voile. Hégésistrate, dont le nom avait été regardé comme un présage, reçut ordre de monter sur la flotte.

XCII. Les Grecs ne démarrèrent point ce jour-là. Le lendemain, les sacrifices se trouvèrent favorables. Ils avaient pour devin Déiphonus d’Apollonie, sur le golfe Ionien, fils d’Événius, à qui arriva l’aventure que je vais rapporter. Il y a dans cette ville d’Apollonie des troupeaux consacrés au soleil. Le jour ils paissent sur les bords d’un fleuve qui, coulant du mont Lacmon, traverse le territoire d’Apollonie, et se jette dans la mer, près du port d’Oricum. Mais