Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 2, 1850.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
HISTOIRE D’HÉRODOTE.

oracles rendus ; mais les Pythiens doivent en avoir aussi communication. Les affaires suivantes sont les seules qui soient soumises à la décision des rois, et ils sont les seuls qui puissent les juger. Si une héritière n’a point encore été fiancée par son père, ils décident à qui elle doit être mariée. Les chemins publics les regardent ; et si quelqu’un veut adopter un enfant, il ne peut le faire qu’en leur présence. Ils assistent aux délibérations du sénat, qui est composé de vingt-huit sénateurs. S’ils n’y vont point, ceux d’entre les sénateurs qui sont leurs plus proches parents y jouissent des prérogatives des rois ; c’est-à-dire qu’ils ont deux voix, sans compter la leur.

LVIII. Tels sont les honneurs que la république de Sparte rend à ses rois pendant leur vie. Passons maintenant à ceux qu’elle leur rend après leur mort. À peine ont-ils terminé leurs jours, qu’on dépêche des cavaliers par toute la Laconie, pour annoncer cette nouvelle ; et des femmes à Sparte parcourent la ville en frappant sur des chaudrons. À ce signal, deux personnes de condition libre, un homme et une femme, prennent dans chaque maison un extérieur sale et malpropre. Ils ne peuvent s’en dispenser, et s’ils y manquaient, ils seraient punis très-grièvement.

Les usages que pratiquent les Lacédémoniens à la mort de leurs rois ressemblent à ceux des barbares de l’Asie. La plupart de ceux-ci observent en effet les mêmes cérémonies en pareille occasion. Lorsqu’un roi de Lacédémone est mort, un certain nombre de Lacédémoniens, indépendamment des Spartiates, est obligé de se rendre à ses funérailles de toutes les parties de la Laconie. Lorsqu’ils se sont assemblés dans le même endroit avec les Ilotes et les Spartiates eux-mêmes, au nombre de plusieurs milliers, ils se frappent le front à grands coups, hommes et femmes ensemble, en poussant des cris lamentables, et ne manquent jamais de dire que le dernier mort des rois était le meilleur. Si l’un des rois meurt à la guerre, on en fait faire une figure qu’on porte au lieu de la sépulture, sur un lit richement orné. Quand on l’a mis en terre, le peuple cesse ses assemblées, les tribunaux vaquent pen-