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CALLIOPE, LIVRE IX.

veaux ; que dans cette position on terminerait tranquillement la guerre en s’y prenant de la manière suivante : qu’on avait beaucoup d’or monnayé et non monnayé, avec une grande quantité d’argent et de vases à boire ; qu’il fallait, sans rien épargner, envoyer toutes ces richesses aux Grecs, et surtout à ceux qui avaient le plus d’autorité dans les villes ; qu’ils ne tarderaient pas à livrer leur liberté, et qu’on ne serait pas dans le cas de courir les risques d’une bataille. Les Thébains se rangèrent de cet avis, le croyant le plus prudent. Celui de Mardonius fut violent, insensé. Il ne voulut point céder. Son armée était, disait-il, de beaucoup supérieure à celle de Grecs : il fallait incessamment livrer bataille, sans attendre que les ennemis, dont le nombre augmentait tous les jours, eussent reçu de nouveaux renforts ; il fallait abandonner les auspices d’Hégésistrate, ne point violer les lois des Perses, et combattre selon leurs usages.

XLI. Tel fut l’avis de Mardonius. Il prévalut, personne ne s’y opposant parce que le roi lui avait donné le commandement de l’armée, et non point à Artabaze. Il convoqua donc les principaux officiers de son armée et des troupes grecques qu’il avait avec lui, et leur demanda s’ils avaient connaissance de quelque oracle qui prédît aux Perses qu’ils devaient périr dans la Grèce. Ceux qu’il avait mandés n’ouvrant point la bouche, les uns parce qu’ils n’avaient aucune connaissance des oracles, les autres par crainte, Mardonius prit la parole, et leur dit : « Puisque vous ne savez rien, ou que vous n’osez rien dire, je vais parler en homme qui est bien instruit. Suivant un oracle, il est prescrit par les destins que les Perses pilleront, à leur arrivée en Grèce, le temple de Delphes, et qu’après l’avoir pillé ils périront tous. Mais, puisque nous avons connaissance de cette prédiction, nous ne dirigerons point notre marche vers ce temple, nous n’entreprendrons point de le piller, et nous ne périrons point pour ce sujet. Que tous ceux d’entre vous qui ont de l’inclination pour les Perses se réjouissent donc dans à l’assurance que nous aurons l’avantage sur les Grecs. » Lorsqu’il eut cessé de parler, il ordonna de faire les pré-

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