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CALLIOPE, LIVRE IX.

pour eux. Quoique Éléen et de la famille des Clytiades[1], qui sont une branche des Jamides[2], les Lacédémoniens l’avaient admis au nombre de leurs citoyens à l’occasion que je vais rapporter. Tisamène ayant consulté l’oracle de Delphes sur sa postérité, la Pythie lui répondit qu’il remporterait la victoire dans cinq grands combats. N’ayant pas saisi d’abord le sens de l’oracle, il s’appliqua aux exercices gymniques, comme s’il eût dû être victorieux dans ces sortes de combats. S’étant exercé au pentathle, il remporta tous les prix, excepté celui de la lutte, qu’il disputa à Hiéronyme d’Andros. Les Lacédémoniens, ayant reconnu que la réponse de l’oracle ne regardait pas les combats gymniques, mais ceux de Mars, tachèrent de l’engager par l’attrait des récompenses à accompagner les rois des Héraclides dans leurs guerres en qualité de conducteur[3]. S’étant aperçu que les Spartiates recherchaient avec empressement son amitié, il la mit à un haut prix, et leur déclara que, s’ils voulaient lui accorder la qualité de citoyen et lui faire part de tous les priviléges, il consentirait à leur demande ; mais qu’il ne le ferait pas, quelque autre récompense d’ailleurs qu’on dût lui offrir. Les Spartiates, indignés, ne pensèrent plus du tout à se servir de lui. Mais enfin, la terreur de l’armée des Perses étant suspendue sur leurs têtes, ils l’envoyèrent chercher, et lui accordèrent sa demande. Tisamène, les voyant changés, leur dit qu’il ne s’en contentait plus, qu’il fallait encore que son frère Hégias fût fait citoyen de Sparte aux mêmes conditions que lui.

XXXIII. Mais, s’il est permis de comparer la dignité royale au droit de citoyen, en faisant une pareille demande, Tisamène prit Mélampus pour modèle[4]. Les fem-

  1. Il paraît que les Clytiades, les Jamides et les Telliades sont trois différentes familles de devins. (L.)
  2. Cette race descendait de Jamus, et voici ce qu’on en raconte : Sa mère, en étant secrètement accouchée, le cacha parmi les joncs et les violettes ; et de là elle lui donne le nom de Jamus, ἴον signifiant violette. (L.)
  3. Les anciens Grecs se servaient toujours d’un devin pour les conduire et les guider dans toutes leurs entreprises, même dans celles qui concernaient la guerre. (L.)
  4. Les filles de Prœlus, roi d’Argos, étant devenues furieuses, Mélampus les purifia à condition qu’il aurait les deux tiers du royaume, dont il donna la moitié à son frère Bias. On sait qu’il guérit les Prœtides en les faisant baigner