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ÉRATO, LIVRE VI.

encourt l’anathème. Lorsque l’année se met en campagne, les rois marchent à la tête des troupes, et lorsqu’elle se retire, leur poste est au dernier rang. Ils ont à l’armée cent hommes d’élite pour leur garde ; dans leurs expéditions, ils prennent autant de bétail qu’ils en veulent, et ils ont pour eux les peaux et le dos de tous les animaux qu’on immole. Tels sont les priviléges dont ils jouissent en temps de guerre.

LVII. Voici maintenant ceux qu’ils ont en temps de paix. S’il se fait un sacrifice au nom de la ville, les rois sont assis au festin à la première place, on les sert les premiers, et on leur donne à chacun le double de ce qu’ont les autres convives. Ils font aussi les premiers les libations, et les peaux des animaux qu’on immole leur appartiennent. On leur donne à chacun tous les mois, le 1er et le 7, aux frais publics, une victime parfaite, qu’ils sacrifient dans le temple d’Apollon. On y joint aussi une médimne de farine d’orge et une quarte de vin, mesure de Lacédémone. Dans tous les jeux ils ont la place d’honneur[1], et ils nomment à la dignité de proxènes[2] qui bon leur semble parmi les citoyens. C’est une de leurs prérogatives. Ils choisissent aussi chacun deux Pythiens, qui sont nourris avec eux aux dépens de l’État. Tel est le nom qu’on donne aux députés qu’on envoie à Delphes consulter le dieu. Lorsque les rois ne se trouvent point au repas public, on leur envoie à chacun deux chénices de farine d’orge avec une cotyle de vin. Lorsqu’ils y vont, on leur sert une double portion. Si un particulier les invite à un repas, il leur rend les mêmes honneurs[3]. Ils sont les dépositaires des

  1. Lorsque le roi venait quelque part, tout le monde se levait par honneur, excepté les éphores, dont la magistrature était en quelque sorte supérieure à la dignité royale, puisqu’elle avait été instituée pour lui donner des bornes. (L.)
  2. Χένος est un homme qui reçoit dans sa maison un ami, etc., qui est en voyage, ou qui en est reçu lorsqu’il voyage lui-même. Προχένος est celui qui est chargé par l’État de recevoir les ambassadeurs et les députés des princes ou des villes. (Voyez Eustathe, sur Homère, t. iii, pag. 405, lig. 36.) — Les États de la Grèce avaient aussi, dans les villes où ils envoyaient souvent des députés, des hommes attitrés chez qui ces députés allaient loger. On les appelait pareillement proxènes. Ce mot se rencontre fréquemment dans les harangues de Démosthène, et surtout dans celle sur la couronne. (L.)
  3. C’est-à-dire qu’il leur fait servir une double portion.