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CALLIOPE, LIVRE IX.

Les Héraclides, dont les Tégéates se vantent d’avoir tué le chef près de l’isthme, chassés autrefois par tous les Grecs chez qui ils se réfugiaient pour éviter la servitude dont les menaçaient les Mycéniens, furent accueillis par nous seuls, et nous repoussâmes l’injure d’Eurysthée, en remportant avec eux une victoire complète sur les peuples qui occupaient alors le Péloponnèse. Les Argiens[1], qui avaient entrepris une expédition contre Thèbes avec Polynice, ayant été tués, et leurs corps restant dans sépulture, nous marchâmes contre les Cadméens, nous enlevâmes ces corps, et nous leur donnâmes la sépulture dans notre pays, à Éleusis. Nous avons fait aussi de belles actions contre les Amazones, ces redoutables guerrières qui, des bords du Thermodon, vinrent attaquer l’Attique[2]. À Troie, nous ne nous sommes pas moins distingués que les autres alliés. Mais qu’est-il besoin de rappeler ces exploits ? Les mêmes peuples qui pour lors étaient braves pourraient être aujourd’hui des lâches, et ceux qui alors étaient des lâches pourraient avoir maintenant du courage. C’en est donc assez sur les temps anciens. Nous pourrions citer beaucoup d’autres belles actions, et en aussi grand nombre qu’aucun autre peuple de la Grèce ; mais quand nous n’aurions pour nous que la journée de Marathon, elle seule nous rendrait dignes de cet honneur et de bien d’autres encore. Cette bataille, où, seuls d’entre les Grecs, nous combattîmes

  1. Polynice, ayant été chassé par son frère Étéocle, se réfugia à Argos, et vint faire le siége de Thèbes avec Adraste et d’autres Argiens. Étéocle et Polynice se tuèrent mutuellement : et la plupart des Argiens ayant péri devant les murs de cette ville, Créon, devenu roi, ou plutôt régent de Thèbes, défendit de leur donner la sépulture. Adraste alla implorer la protection des Athéniens. Thésée fit le siége de Thèbes, la prit, enleva les morts, et les rendit à leurs proches pour les enterrer. (L.)
  2. Cette guerre fut terminée par un traité de paix ; et cela est fondé non-seulement sur le nom du lieu où cette paix fut jurée, qui s’appelle de là Horcosmosion (prestation de serment), qui est vis-à-vis du temple de Thésée, mais encore sur l’ancien sacrifice qu’on fait tous les ans aux Amazones la veille des fêtes de ce héros. Les orateurs athéniens prenaient plaisir à célébrer cet exploit. Lysias, dans son Oraison funèbre pour les Athéniens morts en secourant les Corinthiens, fait un grand éloge de ces Amazones, et relève, par conséquent, la gloire de ceux qui les battirent. (L.)

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