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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

fils de Gobryas. Celui-ci partit au commencement du printemps, et se rendit sur les bords de la mer avec une armée nombreuse de terre, et des forces considérables destinées à monter sur les vaisseaux. Il était jeune, et venait d’épouser Artozostra, fille de Darius. Lorsqu’il fut arrivé en Cilicie avec l’armée, il s’embarqua, et partit avec le reste de la flotte, tandis que l’armée de terre s’avançait vers l’Hellespont, sous la conduite d’autres généraux. Après avoir côtoyé l’Asie, il vint en Ionie, et je vais rapporter une chose qui paraîtra fort surprenante à ceux d’entre les Grecs qui ne peuvent se persuader que, dans l’assemblée des sept Perses, Otanes ait été d’avis d’établir en Perse le gouvernement démocratique, comme étant le plus avantageux. Il déposa en effet les tyrans des Ioniens, et établit dans les villes la démocratie. Cela fait, il marcha en diligence vers l’Hellespont ; et lorsqu’il y eut rassemblé une très-grande quantité de vaisseaux, ainsi qu’une nombreuse armée de terre, il fit traverser à ses troupes l’Hellespont, et prit avec elles son chemin par l’Europe pour se rendre à Érétrie et à Athènes.

XLIV. Ces deux places étaient l’objet apparent de l’expédition des Perses ; mais ils avaient réellement intention de subjuguer le plus grand nombre de villes grecques qu’ils pourraient. D’un côté, la flotte soumit les Thasiens, sans la moindre résistance de leur part. D’un autre, l’armée de terre réduisit en esclavage ceux d’entre les Macédoniens qui ne l’avaient pas encore été ; car tous les peuples qui habitent en deçà de la Macédoine étaient déjà asservis. De Thasos la flotte passa sous le continent opposé, et le côtoya jusqu’à Acanthe, d’où elle partit pour doubler le mont Athos. Tandis qu’elle le doublait, il s’éleva un vent du nord violent et impétueux, qui maltraita beaucoup de vaisseaux, et les poussa contre le mont Athos. On dit qu’il y en périt trois cents, et plus de vingt mille hommes. Les uns furent enlevés par les monstres marins qui se trouvent en très-grand nombre dans la mer aux environs de cette montagne, les autres furent écrasés contre les rochers ; quelques-uns périrent de froid, et quelques autres parce qu’ils ne savaient pas nager. Tel fut le sort de l’armée navale.