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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

retournèrent à la rade d’Artémisium, et les Barbares aux Aphètes, après un succès bien différent de celui auquel ils s’étaient attendus. Parmi tous les Grecs au service du roi, Antidore de Lemnos fut le seul qui passa du côté des alliés pendant le combat. Les Athéniens lui donnèrent des terres dans l’île de Salamine pour le récompenser de cette action.

XII. On était alors au milieu de l’été. Dès que la nuit fut venue, il tomba jusqu’au jour une pluie prodigieuse, accompagnée d’un tonnerre affreux qui partait du mont Pélion. Les flots et les vents poussèrent jusqu’aux Aphètes les corps morts avec les débris des vaisseaux. Ils venaient heurter contre la proue, et embarrassaient l’extrémité des rames. Les soldats, effrayés de ce bruit, s’attendaient à tout instant à périr. Que de maux n’éprouvèrent-ils pas ! À peine avaient-ils eu le temps de respirer après la tempête du mont Pélion, qu’on leur avait livré un rude combat, suivi d’un tonnerre affreux, d’une pluie impétueuse, et de courants qui se portaient avec violence dans la mer.

XIII. Cette nuit fut bien cruelle pour eux ; mais elle le fut encore plus pour ceux qui avaient ordre de faire le tour de l’Eubée. Elle le fut d’autant plus, qu’ils étaient en mer lorsque la tempête s’éleva : aussi périrent-ils misérablement. Elle commença tandis qu’ils étaient vers les écueils de l’Eubée. Emportés par les vents sans savoir en quel lieu ils étaient poussés, ils se brisèrent contre ces rochers. Tout cela arriva par la permission d’un dieu, afin que la flotte des Perses se trouvât égale à celle des Grecs, ou qu’au moins elle n’eût pas une aussi grande supériorité du côté du nombre. Ainsi périt une partie de l’armée navale des Barbares contre les écueils de l’Eubée.

XIV. Les Barbares qui étaient aux Aphètes virent avec plaisir le jour paraître. Ils tinrent leurs vaisseaux tranquilles, et, après les malheurs qu’ils avaient éprouvés, ils s’estimèrent heureux de goûter enfin le repos dans le moment présent. Cependant il vint aux Grecs un renfort de cinquante-trois vaisseaux athéniens. Encouragés par ce secours, et par la nouvelle du naufrage des Barbares autour de l’Eubée, dont pas un n’était échappé, ils partirent dans le même temps que la veille, fondirent sur les