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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

condition qu’ils auraient la moitié du commandement de toutes les troupes combinées ; que le commandement leur appartenait de droit tout entier, mais cependant qu’ils se contenteraient de la moitié.

CXLIX. Telle fut, suivant eux, la réponse de leur sénat, quoique l’oracle leur eût défendu d’entrer dans l’alliance des Grecs. Ils ajoutent que ce qui leur faisait le plus désirer la trêve de trente ans, malgré la crainte que l’oracle leur avait inspirée, c’était afin de donner à leurs enfants le temps de parvenir à l’âge viril. Ils se tranquillisaient par ce moyen l’esprit, n’ayant plus à craindre durant cette trêve de tomber sous le joug des Lacédémoniens ; ce qui n’aurait pas manqué d’arriver, si, affaiblis déjà par la guerre qu’ils venaient de soutenir contre eux, ils venaient encore à essuyer quelque échec de la part des Perses. Ils ajoutent encore que ceux d’entre les ambassadeurs qui étaient de Sparte répondirent au discours du sénat qu’à l’égard de la trêve, ils en feraient leur rapport au peuple ; mais qu’au sujet du commandement des armées, il leur avait été enjoint de dire que les Spartiates ayant deux rois, et les Argiens un seul, il n’était pas possible d’ôter le commandement des troupes à l’un des deux rois de Sparte ; mais que rien n’empêchait que le roi d’Argos ne partageât l’autorité également avec eux. Ainsi les Argiens disent qu’ils ne voulurent point souffrir l’ambition des Spartiates, et qu’ils aimèrent mieux obéir aux Barbares que de rien céder aux Lacédémoniens ; qu’en conséquence ils ordonnèrent aux ambassadeurs de sortir de leur territoire avant le coucher du soleil, sous peine d’être traités en ennemis.

CL. C’est ainsi que les Argiens eux-mêmes racontent ce qui se passa en cette occasion ; mais on le rapporte en Grèce d’une façon bien différente. Xerxès, dit-on, avant que d’entreprendre son expédition contre la Grèce, envoya un héraut à Argos, qui parla aux Argiens en ces termes : « Argiens, voici ce que vous dit le roi Xerxès. Nous pensons que Persès, l’un de nos ancêtres, ayant eu pour père Persée, fils de Danaé, et pour mère Andromède, fille de Céphée, nous tenons de vous notre origine. Il n’est donc point naturel ni que nous fassions la guerre