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POLYMNIE, LIVRE VII.

de Thessalie, l’Olympe et l’Ossa, qui sont d’une hauteur prodigieuse, et apprenant qu’il y avait entre ces montagnes un vallon étroit par où coule le Pénée, avec un chemin qui mène en Thessalie, il désira de s’embarquer pour considérer l’embouchure de ce fleuve. Il devait en effet prendre les hauteurs à travers la Macédoine, pour venir de là dans le pays des Perrhæbes, et passer près de la ville de Gonnos. Car on lui avait appris que c’était la route la plus sûre. À peine eut-il formé ce désir, qu’il l’exécuta. Il monta sur le vaisseau sidonien dont il se servait toujours en de semblables occasions. En même temps il donna le signal aux autres vaisseaux pour lever l’ancre, et laissa en cet endroit son armée de terre. Arrivé à l’embouchure du Pénée, Xerxès la contempla, et, ravi d’admiration, il manda les guides, à qui il demanda s’il n’était pas possible, en détournant le fleuve, de le faire entrer dans la mer par un autre endroit.

CXXIX. On dit que la Thessalie était anciennement un lac enfermé de tous côtés par de hautes montagnes, à l’est par les monts Pélion et Ossa, qui se joignent par le bas ; au nord par l’Olympe, à l’ouest par le Pinde, au sud par l’Othrys. L’espace entre ces montagnes est occupé par la Thessalie, pays creux arrosé d’un grand nombre de rivières, dont les cinq principales sont le Pénée, l’Apidanos, l’Onochonos, l’Énipée, le Pamisos. Ces rivières, que je viens de nommer, rassemblées dans cette plaine (la Thessalie) au sortir des montagnes qui environnent la Thessalie, traversent un vallon, même fort étroit, et se jettent dans la mer après s’être toutes réunies dans le même lit. Aussitôt après leur jonction, le Pénée conserve son nom, et fait perdre le leur aux autres.

On dit qu’autrefois, ce vallon et cet écoulement n’existant point encore, les cinq rivières, et outre cela le lac Bœbéis, n’avaient pas de nom, comme elles en ont aujourd’hui ; que cependant elles coulaient de même qu’elles le font actuellement, et que, continuant toujours à couler, elles firent une mer de la Thessalie entière. Les Thessaliens eux-mêmes disent que Neptune a fait le vallon étroit par lequel le Pénée roule ses eaux, et ce sentiment est vrai-

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