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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

des places des Pières, dont l’une s’appelle Phagrès et l’autre Pergame, ayant à sa droite le Pangée, grande et haute montagne, où il y a des mines d’or et d’argent qu’exploitent les Pières, les Odomantes, et surtout les Satres.

CXIII. Il passa ensuite le long des Pæoniens, des Dobères et des Pæoples, qui habitent vers le nord au-dessus du mont Pangée, marchant toujours à l’occident, jusqu’à ce qu’il arrivât sur les bords du Strymon et à la ville d’Éion. Bogès, dont j’ai parlé un peu plus haut, vivait encore, et en était gouverneur. Le pays aux environs du mont Pangée s’appelle Phyllis. Il s’étend à l’occident jusqu’à la rivière d’Angitas, qui se jette dans le Strymon, et du côté du midi jusqu’au Strymon même. Les mages firent sur le bord de ce dernier fleuve un sacrifice de chevaux blancs, dont les entrailles présagèrent d’heureux succès[1].

CXIV. Les cérémonies magiques achevées sur le bord du fleuve, ainsi qu’un grand nombre d’autres, les Perses marchèrent par le territoire des Neuf-Voies des Édoniens vers les ponts qu’ils trouvèrent déjà construits sur le Strymon. Ayant appris que ce canton s’appelait les Neuf-Voies, ils y enterrèrent tout vifs autant de jeunes garçons et de jeunes filles des habitants du pays. Les Perses sont dans l’usage d’enterrer des personnes vivantes ; et j’ai ouï dire qu’Amestris, femme de Xerxès, étant parvenue à un âge avancé, fit enterrer quatorze enfants des plus illustres maisons de Perse, pour rendre grâces au dieu qu’on dit être sous terre.

CXV. L’armée partit des bords du Strymon, et passa près d’Argile, ville grecque sur le rivage de la mer à l’occident. Cette contrée et le pays au-dessus s’appellent Bisaltie. De là, ayant à gauche le golfe qui est proche du temple de Neptune, elle traversa la plaine de Sylée, et

  1. « Lorsqu’ils (les Perses) viennent sur un lac, une rivière ou une fontaine, ils font une fosse et y égorgent la victime, prenant bien garde que l’eau pure qui est dans le voisinage soit ensanglantée, parce que cela la souillerait. Ils posent ensuite la chair de la victime sur des branches de myrte ou de laurier, la brûlent avec des baguettes minces en chantant leur théogonie, et font des libations avec de l’huile mêlée de lait et de miel, qu’ils versent non dans le feu ou dans l’eau, mais à terre. Le chant de leur théogonie dure longtemps, et, tandis qu’ils chantent, ils tiennent à la main un faisceau de branches minces de bruyères. » (Strabon, liv. xv.)