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POLYMNIE, LIVRE VII.

« Démarate, dit-il, je désire vous faire quelques questions ; vous êtes Grec, et même, comme je l’apprends et de vous-même et des autres Grecs avec qui je m’entretiens, vous êtes d’une des plus grandes et des plus puissantes villes de la Grèce. Dites-moi donc maintenant si les Grecs oseront lever les mains contre moi. Pour moi, je pense que tous les Grecs et le reste des peuples de l’Occident réunis en un seul corps seraient d’autant moins en état de soutenir mes attaques, qu’ils ne sont point d’accord entre eux. Mais je veux savoir ce que vous en pensez. »

« Seigneur, répondit Démarate, vous dirai-je la vérité, ou des choses flatteuses ? » Le roi lui ordonna de dire la vérité, et l’assura qu’il ne lui en serait pas moins agréable que par le passé.

CII. « Seigneur, répliqua Démarate, puisque vous le voulez absolument, je vous dirai la vérité, et jamais vous ne pourrez dans la suite convaincre de fausseté quiconque vous tiendra le même langage. La Grèce a toujours été élevée à l’école de la pauvreté ; la vertu n’est point née avec elle, elle est l’ouvrage de la tempérance et de la sévérité de nos lois, et c’est elle qui nous donne des armes contre la pauvreté et la tyrannie. Les Grecs qui habitent aux environs des Doriens méritent tous des louanges. Je ne parlerai pas cependant de tous ces peuples, mais seulement des Lacédémoniens. J’ose, seigneur, vous assurer premièrement qu’ils n’écouteront jamais vos propositions, parce qu’elles tendent à asservir la Grèce ; secondement, qu’ils iront à votre rencontre, et qu’ils vous présenteront la bataille, quand même tout le reste des Grecs prendrait votre parti. Quant à leur nombre, seigneur, ne me demandez pas combien ils sont pour pouvoir exécuter ces choses. Leur armée ne fût-elle que de mille hommes, fût-elle de plus, ou même de moins, ils vous combattront. »

CIII. « Que me dites-vous, Démarate ! lui répondit Xerxès en riant : mille hommes livreraient bataille à une armée si nombreuse ! Dites-moi, je vous prie, vous avez été leur roi : voudriez-vous donc sur-le-champ combattre