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TERPSICHORE, LIVRE V.

leur inspirât plus de courage qu’ils n’en avaient naturellement. Cet avis ne prévalut pas ; il fut au contraire résolu que les Perses auraient le Méandre derrière eux, sans doute afin que, s’ils venaient à être vaincus et à être mis en fuite, ils tombassent dans le fleuve, et ne pussent se sauver.

CXIX. Les Perses étant arrivés quelque temps après, et ayant traversé le Méandre, les Cariens leur livrèrent bataille sur les bords du Marsyas. Le combat fut rude et long, mais enfin ils furent forcés de céder au nombre. Il périt dans cette action deux mille hommes du côté des Perses, et dix mille de celui des Cariens. Ceux d’entre ces derniers qui échappèrent à cette déroute se réfugièrent à Labranda, dans le temple de Jupiter Stratius, et dans un grand bois de planes qui lui est consacré. Les Cariens sont les seuls peuples, que je sache, qui offrent des sacrifices à Jupiter sous le nom de Stratius. Lorsqu’ils furent renfermés dans ce bois, ils délibérèrent sur le parti le plus salutaire, et s’il leur serait plus avantageux de se rendre aux Perses, ou d’abandonner totalement l’Asie.

CXX. Pendant qu’ils délibéraient là-dessus, les Milésiens vinrent à leur secours avec leurs alliés. Les Cariens abandonnèrent alors leurs premières résolutions, et se préparèrent à recommencer la guerre. Ils en vinrent aux mains avec les Perses, qui venaient les attaquer, et furent battus après un combat plus long et plus opiniâtre que le précédent. En général, il périt beaucoup de monde à cette journée, surtout du côté des Milésiens.

CXXI. Quelque temps après, les Cariens réparèrent cette défaite dans une autre action. Ayant appris que les Perses étaient en marche pour attaquer leurs villes, ils se mirent en embuscade sur le chemin de Pédases. Les Perses, s’y étant engagés pendant la nuit, y périrent avec leurs généraux Daurisès, Amorgès et Sisimacès. Myrsus, fils de Gygès, y fut aussi tué.

CXXII. Héraclides, fils d’Ibanolis, de la ville de Mylasses, conduisait cette embuscade. Tel fut le sort des Perses qui s’y étaient engagés. Hymées, qui était aussi du nombre de ceux qui avaient poursuivi les Ioniens après