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TERPSICHORE, LIVRE V.

qu’aux dieux ne plaise !), il est moins triste de mourir de la main d’un homme de marque. Quant à nous autres serviteurs, il faut que nous combattions contre d’autres serviteurs. À l’égard du cheval d’Artybius, ne craignez point son manége ; je vous garantis qu’il ne se dressera plus contre personne. »

CXII. Il dit, et bientôt après les deux armées de terre et de mer en vinrent aux mains. Les Ioniens firent paraître beaucoup de valeur sur mer, et battirent en cette journée les Phéniciens : ceux d’entre eux qui se distinguèrent le plus furent les Samiens. Les armées de terre s’approchèrent et fondirent l’une sur l’autre. Voici ce qui arriva aux deux généraux. Tandis qu’Artybius poussait son cheval contre Onésilus, celui-ci le frappe, comme il en était convenu avec son écuyer. Le cheval dresse en même temps ses pieds sur le bouclier d’Onésilus ; le Carien les lui coupe avec une faux ; le cheval s’abat, et le général perse tombe avec lui.

CXIII. Pendant qu’on était occupé à combattre, Stésénor, tyran de Curium, qui commandait un corps considérable de troupes, passa du côté de l’ennemi. On prétend que les Curiens sont une colonie d’Argiens. Les chariots de guerre des Salaminiens suivirent aussitôt l’exemple des Curiens. Les Perses acquirent par ce moyen de la supériorité. Les Cypriens prirent la fuite ; il en périt beaucoup, et entre autres Onésilus, fils de Chersis, celui-là même qui avait excité les Cypriens à la révolte. Aristocypros, roi des Soliens, perdit aussi la vie à cette journée. Il était fils de ce Philocypros que Solon d’Athènes, étant venu en Cypre, célébra dans ses vers héroïques par-dessus tous les tyrans.

CXIV. Les habitants d’Amathonte coupèrent la tête d’Onésilus parce qu’il les avait assiégés, la portèrent à Amathonte, et la mirent sur une des portes de la ville. Quelque temps après, cette tête étant vide, un essaim d’abeilles la remplit de rayons de miel. Là-dessus ceux d’Amathonte consultèrent l’oracle, qui leur répondit d’enterrer cette tête, d’offrir tous les ans des sacrifices à Onésilus comme à un héros, et que par ce moyen ils s’en