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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

Zauèces. Les abeilles font dans leur pays une prodigieuse quantité de miel ; mais on dit qu’il s’y en fait beaucoup plus encore par les mains et l’industrie des hommes. Les Gyzantes se peignent tous avec du vermillon, et mangent des singes : ces animaux sont très-communs dans leurs montagnes.

CXCV. Auprès de ce pays est, au rapport des Carthaginois, une île fort étroite, appelée Cyraunis ; elle a deux cents stades de long. On y passe aisément du continent ; elle est toute couverte d’oliviers et de vignes. Il y a dans cette île un lac, de la vase duquel les filles du pays tirent des paillettes d’or avec des plumes d’oiseaux frottées de poix. J’ignore si le fait est vrai ; je me contente de rapporter ce qu’on dit : au reste, ce récit pourrait être vrai, surtout après avoir été témoin moi-même de la manière dont on tire la poix d’un lac de Zacynthe. Cette île renferme plusieurs lacs : le plus grand a soixante-dix pieds en tout sens, sur deux orgyies de profondeur. On enfonce dans ce lac une perche à l’extrémité de laquelle est attachée une branche de myrte ; on retire ensuite cette branche avec de la poix qui a l’odeur du bitume, mais qui d’ailleurs vaut mieux que celle de Piérie. On jette cette poix dans une fosse creusée près du lac ; et, quand on y en a amassé une quantité considérable, on la retire de la fosse pour la mettre dans des amphores. Tout ce qui tombe dans le lac passe sous terre, et reparaît quelque temps après dans la mer, quoiqu’elle soit éloignée du lac d’environ quatre stades. Ainsi ce qu’on raconte de l’île qui est près de la Libye peut être vrai.

CXCVI. Les Carthaginois disent qu’au delà des colonnes d’Hercule il y a un pays habité où ils vont faire le commerce. Quand ils y sont arrivés, ils tirent leurs marchandises de leurs vaisseaux, et les rangent le long du rivage : ils remontent ensuite sur leurs bâtiments, où ils font beaucoup de fumée. Les naturels du pays, apercevant cette fumée, viennent sur le bord de la mer, et, après y avoir mis de l’or pour le prix des marchandises, ils s’éloignent. Les Carthaginois sortent alors de leurs vaisseaux, examinent la quantité d’or qu’on a apportée, et, si elle leur