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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

de la Libye que se trouvent les serpents d’une grandeur prodigieuse, les lions, les éléphants, les ours, les aspics, les ânes qui ont des cornes[1], les cynocéphales (têtes de chien) et les acéphales (sans tête), qui ont, si l’on en croit les Libyens, les yeux à la poitrine. On y voit aussi des hommes et des femmes sauvages, et une multitude d’autres bêtes féroces, qui existent réellement.

CXCII. Dans le pays des nomades, on ne trouve aucun de ces animaux ; mais il y en a d’autres, tels que des pygarges, des chevreuils, des bubalis, des ânes, non pas de cette espèce d’ânes qui ont des cornes, mais d’une autre qui ne boit point. On y voit aussi des oryes qui sont de la grandeur du bœuf : on se sert des cornes de cet animal pour faire les coudes des cithares. Il y a aussi des renards, des hyènes, des porcs-épics, des béliers sauvages, des dictyes, des thoès[2], des panthères, des boryes, des crocodiles terrestres qui ont environ trois coudées de long, et qui ressemblent aux lézards ; des autruches, et de petits serpents qui ont chacun une corne. Toutes ces sortes d’animaux se rencontrent en ce pays, et outre cela tous ceux qui se trouvent ailleurs, excepté le cerf et le sanglier, car il n’y a ni sangliers ni cerfs en Libye. On y voit aussi trois sortes de rats, les dipodes, les zégéries, nom libyen qui signifie en notre langue des collines ; les rats de la troisième espèce s’appellent hérissons. Il naît outre cela, dans le Silphium, des belettes qui ressemblent a celles de Tartessus. Telles sont, autant que j’ai pu le savoir par les plus exactes recherches, les espèces d’animaux qu’on voit chez les Libyens nomades.

CXCIII. Les Zauèces touchent aux Libyens-Maxyes ; quand ils sont en guerre, les femmes conduisent les chars.

CXCIV. Les Gyzantes habitent immédiatement après les

  1. Aristote parle d’ânes qui n’ont qu’une corne : c’est l’âne d’Inde. Mais il n’en parle que sur le rapport d’autrui, il y a grande apparence qu’il a puisé ce qu’il en dit dans l’Histoire de l’Inde de Ctésias. Cet âne de Ctésias me paraît fabuleux ; celui d’Hérodote ne me le paraît pas moins. (L.)
  2. Homère parle aussi du thos. Cet animal paraît être le chacal. Il est d’une couleur plus obscure que le renard, et à peu près de la même grandeur. Il glapit aussi de même que cet animal. Les Arabes l’appellent deeb ou chathal. (L.)

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