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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

légers et les plus vites de tous les peuples dont nous ayons jamais ouï parler. Ils vivent de serpents, de lézards et autres reptiles ; ils parlent une langue qui n’a rien de commun avec celles des autres nations ; on croit entendre le cri des chauves-souris.

CLXXXIV. À dix-journées pareillement des Garamantes, on trouve une autre colline de sel, avec une fontaine et des hommes à l’entour : ils s’appellent Atarantes, et sont les seuls hommes que je sache n’avoir point de nom. Réunis en corps de nation, ils s’appellent Atarantes ; mais les individus n’ont point de noms qui les distinguent les uns des autres. Ils maudissent le soleil lorsqu’il est à son plus haut point d’élévation et de force, et lui disent toutes sortes d’injures, parce qu’il les brûle, ainsi que le pays.

À dix autres journées de chemin, on rencontre une autre colline de sel, avec de l’eau et des habitants aux environs. Le mont Atlas touche à cette colline. Il est étroit et rond de tous côtés, mais si haut, qu’il est, dit-on, impossible d’en voir le sommet, à cause des nuages dont il est toujours couvert l’été comme l’hiver. Les habitants du pays disent que c’est une colonne du ciel. Ils ont pris de cette montagne le nom d’Atlantes, et l’on dit qu’ils ne mangent de rien qui ait eu vie, et qu’ils n’ont jamais de songes.

CLXXXV. Je connais le nom de ceux qui habitent cette élévation jusqu’aux Atlantes ; mais je n’en puis dire autant de ceux qui sont au delà. Cette élévation s’étend jusqu’aux colonnes d’Hercule, et même par delà. De dix journées en dix journées, on y trouve des mines de sel et des habitants. Les maisons de tous ces peuples sont bâties de quartiers de sel : il ne pleut en effet jamais dans cette partie de la Libye ; autrement les murailles des maisons, étant de sel, tomberaient bientôt en ruine. On tire de ces mines deux sortes de sel, l’un blanc, et l’autre couleur de pourpre. Au-dessus de cette élévation sablonneuse, vers le midi et l’intérieur de la Libye, on ne trouve qu’un affreux désert, où il n’y a ni eau, ni bois, ni bêtes sauvages, et où il ne tombe ni pluie ni rosée.

CLXXXVI. Tout le pays qui s’étend depuis l’Égypte