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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

propre malheur, Phérétime sa mère jouissait à Cyrène des honneurs de son fils ; et, entre autres prérogatives, elle assistait aux délibérations du sénat. Mais, dès qu’elle eut connaissance qu’il avait été tué en cette ville, elle s’enfuit en Égypte, parce qu’Arcésilas avait autrefois rendu quelques services à Cambyse, fils de Cyrus, en lui livrant Cyrène et en lui payant tribut. Arrivée dans ce pays, elle supplia Aryandès de la venger, sous prétexte que son fils n’avait été assassiné que parce qu’il favorisait le parti des Mèdes.

CLXVI. Aryandès avait été établi gouverneur d’Égypte par Cambyse. Dans la suite, il fut puni de mort, pour avoir voulu s’égaler en quelque sorte à Darius. Ayant en effet appris et ayant vu par lui-même que ce prince avait envie de laisser, pour monument de son règne, quelque chose que les autres rois n’eussent point encore exécuté, il marcha sur ses traces jusqu’à ce qu’il eût reçu la récompense qu’il méritait. Darius avait fait battre de la monnaie de l’or le plus pur[1]. Aryandès, gouverneur d’Égypte, fit frapper de son côté des monnaies d’argent qu’on appelle aryandiques : elles sont encore aujourd’hui regardées comme étant d’un argent extrêmement fin. Darius, en ayant été instruit, l’accusa de rébellion, et le fit mourir sous ce prétexte.

CLXVII. Aryandès eut compassion de Phérétime ; il lui donna une armée composée de toutes les forces d’Égypte, tant de terre que de mer. Les troupes de terre étaient commandées par Amasis, qui était Maraphien, et celles de mer par Badrès, Pasagarde d’extraction. Mais, avant de les faire partir, il envoya un héraut à Barcé, pour s’informer de celui qui avait été le meurtrier d’Arcésilas. Les Barcéens prirent tous cet assassinat sur eux ; car ce prince leur avait fait beaucoup de mal. Sur cette réponse, Aryandès envoya l’armée avec Phérétime.

CLXVIII. Cette cause était le prétexte dont Aryandès cherchait à colorer son expédition contre les Libyens, qu’il

  1. On appelait ces pièces d’or des dariques. La darique valait 20 drachmes ; la drachme, 18 sous de notre monnaie. Ainsi la darique valait 18 livres. (L.)