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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

ils leur ordonnèrent de retourner à l’endroit d’où ils venaient. Contraints d’obéir, ils reprirent la même route, et s’établirent dans une île attenante à Libye. Cette île, comme il a été dit ci-dessus, s’appelle Platée : on assure qu’elle est de la grandeur de la ville actuelle des Cyrénéens.

CLVII. Les Théréens restèrent deux ans dans l’île de Platée ; mais comme rien ne leur prospérait, ils y laissèrent l’un d’entre eux, et le reste se rembarqua pour aller à Delphes. Quand ils y furent arrivés, ils dirent à la Pythie qu’ils s’étaient établis en Libye, et que cependant ils n’en étaient pas plus heureux. La Pythie leur répondit : « J’admire ton habileté ; tu n’as jamais été en Libye, et tu prétends connaître ce pays mieux que moi, qui y ai été. » Sur cette réponse, Battus retourna avec ceux de sa suite : car le dieu ne les tenait pas quittes de la colonie, qu’ils n’eussent été dans la Libye même. De retour à Platée, ils prirent celui d’entre eux qu’ils y avaient laissé, et s’établirent dans la Libye, vis-à-vis de l’île, à Aziris, lieu charmant, environné de deux côtés par des collines agréables couvertes d’arbres, et, d’un autre côté, arrosé par une rivière.

CLVIII. Ils demeurèrent six années à Aziris ; mais la septième ils se laissèrent persuader d’en sortir, sur les vives instances des Libyens, et sur la promesse qu’ils leur tirent de les mener dans un meilleur canton. Les Libyens, leur ayant fait quitter cette habitation, les conduisirent vers le couchant ; et, de crainte qu’en passant par le plus beau des pays les Grecs ne s’en aperçussent, ils proportionnèrent tellement leur marche à la durée du jour, qu’ils le leur firent traverser pendant la nuit. Ce beau pays s’appelle Irasa. Quand ils les eurent conduits à une fontaine qu’on prétend consacrée à Apollon : « Grecs, leur dirent-ils, la commodité du lieu vous invite à fixer ici votre demeure : le ciel y est ouvert pour vous donner les pluies qui rendront vos terres fécondes. »

CLIX. Sous Battus, le fondateur, dont le règne fut de quarante ans, et sous Arcésilas son fils, qui en régna seize, les Cyrénéens ne se trouvèrent pas en plus grand nombre qu’au commencement de la colonie. Mais sous Battus, leur