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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

de tilleul : ils fendent en trois cette écorce, l’entortillent autour de leurs doigts, puis ils la défont, et annoncent ensuite l’avenir.

LXVIII. Si le roi des Scythes tombe malade, il envoie chercher trois des plus célèbres d’entre ces devins, qui exercent leur art de la manière que nous avons dit. Ils lui répondent ordinairement que tel et tel, dont ils disent en même temps les noms, ont fait un faux serment en jurant par les Lares du palais. Les Scythes en effet jurent assez ordinairement par les Lares du palais, quand ils veulent faire le plus grand de tous les serments.

Aussitôt on saisit l’accusé, l’un d’un côté, l’autre de l’autre ; quand on l’a amené, ils lui déclarent que, par l’art de la divination, ils sont sûrs qu’il a fait un faux serment en jurant par les Lares du palais, et qu’ainsi il est la cause de la maladie du roi. Si l’accusé nie le crime et s’indigne qu’on ait pu le lui imputer, le roi fait venir le double d’autres devins. Si ceux-ci le convainquent aussi de parjure par les règles de la divination, on lui tranche sur-le-champ la tête, et ses biens sont confisqués au profit des premiers devins. Si les devins que le roi a mandés en second lieu le déclarent innocent, on en fait venir d’autres, et puis d’autres encore ; et, s’il est déchargé de l’accusation par le plus grand nombre, la sentence qui l’absout est l’arrêt de mort des premiers devins.

LXIX. Voici comment on les fait mourir : on remplit de menu bois un chariot, auquel on attelle des bœufs ; on place les devins au milieu de ces fagots, les pieds attachés, les mains liées derrière le dos, et un bâillon à la bouche. On met ensuite le feu aux fagots, et l’on chasse les bœufs en les épouvantant. Plusieurs de ces animaux sont brûlés avec les devins ; d’autres se sauvent à demi brûlés, lorsque la flamme a consumé le timon. C’est ainsi qu’on brûle les devins, non-seulement pour ce crime, mais encore pour d’autres causes ; et on les appelle faux devins.

LXX. Le roi fait mourir les enfants mâles de ceux qu’il punit de mort ; mais il épargne les filles. Lorsque les Scythes font un traité avec quelqu’un, quel qu’il puisse être, ils versent du vin dans une grande coupe de terre, et les