Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 1, 1850.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
HISTOIRE D’HÉRODOTE.

qu’ils ignorent. Le chameau a deux cuisses et deux genoux à chaque jambe de derrière ; et le membre passe entre les cuisses de derrière, et est tourné vers la queue.

CIV. Les Indiens, ayant attelé leurs chameaux de la sorte, règlent tellement leur marche vers les lieux où est l’or, qu’ils n’y arrivent et ne l’enlèvent que pendant la grande chaleur du jour ; car alors l’ardeur excessive du soleil oblige les fourmis à se cacher sous terre. Dans ce pays, le soleil est le plus ardent le matin, et non à midi, comme chez les autres nations. Ils l’ont aplomb sur la tête jusqu’à l’heure où l’on a coutume de sortir de la place publique. Dans cette partie du jour il est beaucoup plus brûlant qu’il ne l’est en Grèce en plein midi. Aussi dit-on que pendant ce temps-là ils se tiennent dans l’eau. À midi, il est à peu près aussi chaud dans les autres pays que chez les Indiens ; mais, après midi, la chaleur est aussi modérée chez eux qu’elle l’est le matin chez les autres peuples ; et plus il s’éloigne du midi, plus l’air devient frais, de sorte qu’à son coucher ils jouissent d’une grande fraîcheur.

CV. Les Indiens ne sont pas plutôt arrivés sur les lieux où se trouve l’or, qu’ils remplissent de sable les sacs de cuir qu’ils ont apportés, et s’en retournent en diligence : car, au rapport des Perses, les fourmis, averties par l’odorat, les poursuivent incontinent. Il n’est point, disent-ils, d’animal si vite à la course ; et si les Indiens ne prenaient pas les devants pendant qu’elles se rassemblent, il ne s’en sauverait pas un seul. C’est pourquoi les chameaux mâles, ne courant pas si vite que les femelles, resteraient en arrière, s’ils n’étaient point tirés ensemble et à côté d’elles. Quant aux femelles, le souvenir de leurs petits leur donne des forces. C’est ainsi, disent les Perses, que ces Indiens recueillent la plus grande partie de leur or : celui qu’ils tirent de leurs mines est plus rare.

CVI. Les extrémités de la terre habitée ont eu, en quelque sorte, en partage ce qu’elle a de plus beau, comme la Grèce a eu, pour le sien, la plus agréable température des saisons. L’Inde est, ainsi que je viens de le dire, la dernière contrée habitée à l’est. Les quadrupèdes et les vola-