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THALIE, LIVRE III.

amis, leur dit-il, ne sera-ce pas pour nous de recouvrer l’empire ! ou, si nous ne pouvons y réussir, quelle gloire de mourir les armes à la main ! Quelle honte pour des Perses d’obéir à un Mède, à un mage, à qui même on a coupé les oreilles ! Vous tous, qui vous trouvâtes auprès de Cambyse pendant sa maladie, vous ne pouvez avoir oublié les imprécations qu’il fit contre les Perses, lorsqu’il touchait à sa fin, s’ils ne s’efforçaient de recouvrer la couronne. Alors nous n’ajoutions pas foi à ses discours, et nous pensions qu’il ne parlait de la sorte que pour rendre son frère odieux. Mais je suis maintenant d’avis de suivre l’opinion de Darius, et je conclus qu’il ne faut rompre cette assemblée que pour aller droit au mage. » Le conseil de Gobryas fut unanimement approuvé.

LXXIV. Pendant qu’ils délibéraient, il arriva par hasard que les mages tenaient conseil entre eux. Ils résolurent de s’attacher Prexaspes, parce que Cambyse l’avait traité d’une manière indigne en tuant son fils d’un coup de flèche, et parce que lui seul avait connaissance de la mort de Smerdis, fils de Cyrus, l’ayant tué de sa main : d’ailleurs il était universellement estimé parmi les Perses. L’ayant mandé en conséquence, ils n’oublièrent rien pour le gagner. Ils exigèrent de lui qu’il leur donnât sa foi de ne découvrir à personne la tromperie qu’ils avaient faite aux Perses, et de leur en garder le secret ; et ils lui promirent avec serment de le combler de richesses. Prexaspes s’engagea à faire ce qu’on désirait de lui. Les mages, le voyant persuadé, lui proposèrent ensuite de monter dans une tour pour annoncer aux Perses, qu’ils allaient convoquer sous les murs du palais, que c’était véritablement Smerdis, fils de Cyrus, qui régnait sur eux, et non pas un autre. Ils lui avaient donné ces ordres à cause de son ascendant sur l’esprit des Perses, parce qu’il avait souvent déclaré que Smerdis, fils de Cyrus, était encore vivant, et qu’il était faux qu’il l’eût tué.

LXXV. Prexaspes ayant répondu qu’il était disposé à faire ce qu’ils désiraient, les mages convoquèrent les Perses, et le firent monter sur une tour afin de les haranguer. Mais Prexaspes, oubliant volontairement leurs