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THALIE, LIVRE III.

avant lui, les Perses n’étaient pas dans l’usage d’épouser leurs sœurs.

Cambyse se prit d’amour pour une de ses sœurs ; voulant ensuite l’épouser, comme cela était sans exemple, il convoqua les juges royaux, et leur demanda s’il n’y avait pas quelque loi qui permît au frère de se marier avec sa sœur s’il en avait envie. Ces juges royaux sont des hommes choisis entre tous les Perses. Ils exercent leurs fonctions jusqu’à la mort, à moins qu’ils ne soient convaincus de quelque injustice. Ils sont les interprètes des lois et les juges des procès ; toutes les affaires ressortissent à leur tribunal. Cambyse les ayant donc interrogés, ils lui firent une réponse qui, sans blesser la justice, ne les exposait à aucun danger. Ils lui dirent qu’ils ne trouvaient point de loi qui autorisât un frère à épouser sa sœur, mais qu’il y en avait une qui permettait au roi des Perses de faire tout ce qu’il voulait. En répondant ainsi, ils ne violèrent pas la loi, quoiqu’ils redoutassent Cambyse ; et, pour ne pas s’exposer à périr en la défendant, ils trouvèrent une autre loi qui favorisait le désir qu’avait ce prince d’épouser ses sœurs. Sur cette réponse, Cambyse épousa la personne qu’il aimait ; et, peu de temps après, il prit encore pour femme une autre de ses sœurs, c’était la plus jeune. Ce fut celle qui le suivit en Égypte, et qu’il tua.

XXXII. On raconte sa mort de deux manières, ainsi que celle de Smerdis. Les Grecs prétendent que cette princesse assistait au combat d’un lionceau que Cambyse avait lâché contre un jeune chien. Celui-ci ayant du dessous, un autre jeune chien, son frère, rompit sa laisse pour venir à son secours. Les deux chiens réunis eurent l’avantage sur le lionceau. Ce combat plaisait beaucoup à Cambyse ; il arrachait au contraire des larmes à sa sœur, qui était assise auprès de lui. Le roi, s’en étant aperçu, lui en demanda la raison. « Je n’ai pu, lui dit-elle, retenir mes larmes en voyant le jeune chien accourir au secours de son frère, parce que cela me rappelle le triste sort de Smerdis, dont je sais que personne ne vengera la mort. » S’il faut en croire les Grecs, Cambyse la tua pour cette réponse. Mais