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THALIE, LIVRE III.

officier des troupes auxiliaires d’Amasis, nommé Phanès, originaire de la ville d’Halicarnasse, homme excellent pour le conseil et brave guerrier, mécontent de ce prince, se sauva d’Égypte par mer pour avoir un entretien avec Cambyse. Comme il occupait un rang distingué parmi les troupes auxiliaires, et qu’il avait une très-grande connaissance des affaires d’Égypte, Amasis fit tout ses efforts pour le remettre en son pouvoir. L’ayant fait poursuivre par une trirème montée par le plus fidèle de ses eunuques, celui-ci l’atteignit en Lycie et le fit prisonnier ; cependant il ne le ramena pas en Égypte. Phanès enivra ses gardes, et, s’étant tiré de ses mains par son adresse, il se rendit à la cour de Perse. Cambyse se disposait alors à marcher en Égypte ; mais la difficulté de faire traverser à son armée des déserts où l’on ne trouve point d’eau le retenait, lorsque Phanès arriva. Celui-ci apprit au roi l’état des affaires d’Amasis et ce qui avait rapport au passage des déserts, et lui conseilla d’envoyer prier le roi des Arabes de lui permettre de passer sur ses terres, et de lui donner les moyens de l’exécuter avec sûreté.

V. C’est en effet le seul endroit par où il soit possible de pénétrer en Égypte. Car la Syrie de la Palestine s’étend depuis la Phénicie jusqu’aux confins de la ville de Cadytis ; et de cette ville, qui, à mon avis, n’est guère moins grande que Sardes, toutes les places maritimes, jusqu’à Jénysus, appartiennent aux Arabes. Le pays, depuis Jénysus jusqu’au lac Serbonis, près duquel est le mont Casius, qui s’étend jusqu’à la mer, appartient de nouveau aux Syriens de la Palestine. L’Égypte commence au lac Serbonis, dans lequel on dit que Typhon se cacha. Or, tout cet espace entre la ville de Jénysus, le mont Casius et le lac Serbonis, forme un vaste désert d’environ trois jours de marche, d’une très-grande sécheresse et aridité.

VI. Voici la manière dont on remédie à cet inconvénient. Je vais dire ce que savent peu de personnes parmi celles qui vont par mer en Égypte. On porte deux fois par an en Égypte, de tous les différents pays de la Grèce, et, outre cela, de la Phénicie, une grande quantité de jarres de terre pleines de vin ; et cependant on n’y voit pas, pour